lundi 6 août 2007




Maurice Béjart naît à Marseille, le 1er janvier 1927.
Chorégraphe français, Maurice Béjart est né Berger en 1927 à Marseille. Après des études de philosophie, il se consacre à la danse.
D'abord à l'Opéra de Marseille, puis à Paris où, à la fin des années `50, il prend la tête de la nouvelle vague chorégraphique. Appelé
à diriger le corps de ballet du Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles, il en fait le Ballet du XXe siècle, dont il assure la mise en scène
comme la chorégraphie. Il quitte Bruxelles pour monter une nouvelle troupe à Lausanne, où il organise également sa propre école (Rudra) et, en 2002, la Compagnie M. Inclassables par leur originalité, ses créations (par ex. «Lumière»,
«Zarathoustra le chant de la danse») sont ovationnées dans le monde entier. Il a publié «L'esprit danse» (entretiens avec René Zahnd) et «Ainsi danse Zarathoustra»Danseur, puis chorégraphe, il débute à Paris.
En 1960, il crée à Bruxelles le Ballet du XXe siècle. Un quart de siècle plus tard, il déplace sa compagnie à Lausanne (Béjart Ballet
Lausanne). Ses racines, il les plante là où il travaille.




Béjart acquiert l'essentiel de sa formation de danseur auprès de Madame Egorova, de Madame Rousanne et de Léo Staats. Ce bagage classique, il l'étrenne à Vichy (1946), puis auprès de Janine Charrat, de Roland Petit et surtout, à Londres, au sein de l'International Ballet. Une tournée en Suède avec le Ballet Cullberg (1949) lui fait découvrir les ressources de l'expressionnisme chorégraphique. Et un contrat pour un film suédois le confronte une première fois avec Stravinski.
C'est pourtant sur des pièces de Chopin que, de retour à Paris, Maurice Béjart se fait la main sous l'égide du critique Jean Laurent.
Le danseur se double dès lors d'un chorégraphe. En 1955, à l'enseigne des Ballets de l'Étoile, il sort des sentiers battus avec "Symphonie pour un homme seul"
(musique P. Henry et P. Schaeffer). Maîtrisant alors son propre langage, il peut s'imposer au fil d'une série de créations : Haut Voltage,Prométhée,Sonate à trois
(d'après Huis clos de J.-P. Sartre).
Remarqué par Maurice Huisman, le nouveau directeur du Théâtre Royal de la Monnaie, il règle un triomphal " sacre du printemps"
(1959). Et c'est la fondation du Ballet du XXe siècle (1960), une compagnie internationale à la tête de laquelle Béjart sillonne le monde
entier. Au Sacre, il ajoute" Boléro"1961 " Messe pour le temps présent"1967 et
" l'oiseau de feu"1970 Un goût marqué pour le cosmopolitisme culturel
amène ce fils du philosophe Gaston Berger à s'attacher à l'expression de diverses civilisations " barti"
" golertan"Kaburi "Dibouk, Piramide" comme à l'illustration d'un riche répertoire musical (de Boulez à Wagner).
Sa fibre pédagogique le pousse à créer l'école Mudra, à Bruxelles (1970), puis à Dakar (1977), et l'école-atelier Rudra à Lausanne (1992).
Le passage du Ballet du XXe siècle au Béjart Ballet Lausanne (1987) s'est opéré sans discontinuité. En 1992, Béjart décide de réduire la taille de sa compagnie
à une trentaine de danseurs pour "retrouver l'essence de l'interprète".
Parmi les nombreux ballets créés pour cette compagnie, citons : Ring um den Ring, Le Mandarin merveilleux,King lear, A propos de Séhérasade, le Presbitère,Mutationx, La route de la soie,le Manteau,L'enfant roi,La lumière des eaux et En Lumière.





Metteur en scène de théâtre :
La reine verte, Casta diva, Cinq nô modernes, A-6-Roc,
D'opéra:
Salomé, la Traviata et Don Giovanni.
Réalisateur de films:
Bhakti, Paradoxe sur le comédien
Maurice Béjart a également publié plusieurs livres (roman, souvenirs, journal intime, pièce de théâtre). L'Empereur Hirohito l'a élevé à l'Ordre du Soleil
levant (1986) et le Roi Baudouin l'a nommé Grand Officier de l'Ordre de la Couronne (1988). La Japan Art Association lui a décerné le prestigieux Praemium
Impériale (1993) et la Inamori Foundation le Kyoto Prize (1999). En 1994, Maurice Béjart est élu membre libre à l'Académie des Beaux-Arts de l'Institut de France.

En août 2002, il a créé une nouvelle troupe, destinée aux jeunes danseurs, la "Compagnie M", et, pour elle, son nouveau ballet,"Mère Teresa et les enfants
du monde" avec la participation de Marcia Haydé, qui a fait le tour du monde et dont la première a eu lieu à Lausanne le 18 octobre de la même année au
Théâtre de Beaulieu.
En octobre 2003, il rend hommage à Fellini pour les dix ans de sa mort dans "Ciao Federico". Il reçoit des mains de l'ambassadeur de France en Suisse,
l'insigne de commandeur de l'Ordre des Arts et Lettres.
2004 est l’année où il fête cinquante ans de direction de Compagnie. Il créé l’Art d’être grand-père en collaboration avec les jeunes
danseurs de la troupe. En 2005, il crée L’Amour-la Danse, spectacle comportant plus d’une dizaine d’extraits de ses plus fameux ballets.
S’y ajoute en décembre Zarathoustra, le Chant de la danse, sa plus récente grande création mondiale.
De par sa diversité, de par sa complexité, l'œuvre de Maurice Béjart compte parmi les plus singulières. Le chorégraphe ne suit pas une ligne unique.
Il récuse même l'idée de "style". Toujours, il adapte la manière à la matière. En d'autres termes, les moyens artistiques mis en œuvre sont fonction du projet en création. Une musique unique, Boléro, ou des musiques multiples, La Route de
la soie; la danse seule, Le Mandarin merveilleux, ou l'apport d'un texte Enfant-roi; une histoire Le Manteau, un thème, Mutationx, ou l'abstraction,Mouvement,
rythme, étude. Par sa façon de "dire je" dans ses ballets Casse-noisette, de traduire les préoccupations
et interrogations de ses contemporains, voire d'en avoir la prescience, Maurice Béjart touche le grand public de la danse.
SES FILMS
LE DANSEUR
Avignon, Cannes
TV française, 1968
Jorge Donn, Rosella Hightower, Laura Proença
Inde, 1968
JE SUIS NE À VENISE
JE T'AIME, TU DANSES
Venise
Produit par Antenne 2, 1er janvier 1977
Barbara, Jorge Donn, Maurice Béjart
Réalisation: François Weyergans
TV, 19 septembre 1977
Bertrand Pie, Rita Poelvoorde, Maurice Béjart
SIX PERSONNAGES EN QUETE D'UN CHANTEUR
PARADOXE SUR LE COMEDIEN
Produit par Antenne 2, décembre 1981
Ruggero Raimondi, Maurice Béjart D'après Denis Diderot
Musiques: Richard Wagner,
Wolfgang Amadeus Mozart, Varèse et reggae
Coproduction La Sept et la SFP, Paris, 1991
Gil Roman

A l'image du Dieu Indien de la Danse combattant et victorieux, Maurice Béjart a créé en 1992 l'école- Atelier Ruda Béjart Lausanne.

L'idée était d'ouvrir une école multidisciplinaire dont la danse serait la base, la notion d'atelier impliquant une recherche personnelle
de chaque danseur pour se développer. Une danse qui rejoint le cortège des Arts, que ce soit la Musique, le Théatre ou les Arts Martiaux.
Rudra accueille des élèves du monde entier qui suivent un enseignement gratuit dispensé pendant deux ans. Son effectif est d'une
quarantaine d'élèves



vendredi 27 juillet 2007

Léonor Fini








Elle trouvait le titre de ses tableaux en les peignant, dès que le tableau était terminé, le titre était déjà défini.

Leonor FINI

1908 - 1996

Née à Buenos Aires d'une mère triestienne et d'un père argentin qu'elle n'a pratiquement pas connu,
elle a passé son enfance et son adolescence à Trieste auprès de sa mère et de sa famille maternelle
dans un milieu bourgeois très cultivé. Cet univers dans lequel elle baigna toute sa jeunesse lui permit
d'acquérir une culture très cosmopolite.

De nature indépendante, elle quitta sa famille à 17 ans et s'établit à Paris peu avant la dernière guerre.
Elle s'y lia d'amitié avec Paul Eluard, Max Ernst, Georges Bataille, sans jamais appartenir au groupe surréaliste.
Elle ne fréquenta aucune école des Beaux-Arts et sa formation est entièrement autodidacte, d'où sans
doute la difficulté de l'identifier à un courant particulier de l'art contemporain, car son évolution a surtout
été marquée par des affinités électives et par son propre "Musée imaginaire."

A ses débuts elle a peint de nombreux portraits dont ceux de Jean Genet, d'Anna Magnani, de Jacques Audiberti.



Ayant le goût du spectacle elle a eu l'occasion d'exprimer son génie dans toutes les formes possibles de l'art.
Ainsi elle a créé des décors et des costumes à la fois pour le théatre, des ballets et des opéras.

Que ce soit à Paris ou au cours des trois mois d'été qu'elle passait dans sa maison en Touraine, elle peignait tous les jours, l'après-midi, pendant quatre ou cinq heures. Pourtant, elle ne terminait jamais plus de dix toiles par an,
en raison des exigences techniques de son travail, et moins encore quand elle acceptait des commandes de portraits,ce jusqu'à la fin des années cinquante.



Si arrivée au terme d'une série qui l'avait stimulée, elle s'interrompait de peindre, elle passait au dessin, où son trait était rapide, nerveux, spontané. Dans les rares moments d'arrêt d'une expression plastique, elle a toujours
écrit avec une rapidité qui rapproche son écriture "littéraire" de celle du dessin. Elle n'a publié ses textes qu' à partir de 1973.



De nombreux poètes, écrivains, peintres et critiques lui ont consacré des monographies, des essais ou des poèmes
dont Paul Eluard, Jean Cocteau, Giorgio de Chirico, Albert Moravia, Max Ernst entre autre. Neuf films ont été consacrés à
son oeuvre dont "La Légende Cruelle" de Gabriel Pommerand et Arcady,1951.



Leonor Fini a continué de peindre jusqu'à la fin de sa vie









mercredi 25 juillet 2007

Jean Cocteau





JEAN COCTEAU
(1889 - 1963)
Poète en tout,à la fois mondain et secret, sorte de Janus cultivant
le clair obscur, entre les feux de la rampe et les coulisses de la création.


LA GENESE DU "SURREALISTE"


J'AI L'AGE DE LA TOUR EIFFEL !

Né le 5 juillet 1889 à Maison-Laffitte, Jean Cocteau prit place dans une famille bourgeoise,
entouré de son père, rentier, de sa mère et de leur deux autres enfants, Marthe (12 ans) et
Paul (8 ans).

Il passa son enfance au grès des réceptions musicales que donna son grand-père. Ce dernier,
d'une grande culture artistique, n'avait de cesse d'initier le petit cancre de la famille à la musique.
Cette période probatoire influencera considérablement sa perception créatrice tout au long de sa vie.
Elle s'affirmera notamment dans la formation, par Cocteau lui-même, du Groupe des Six - formé des
compositeurs Arthur Honegger, Germaine Tailleferre, Georges Auric, Louis Durey, Darius Milhaud et
Francis Poulenc - dont l'esthétisme particulier aura pour usage le rejet du formel, l'utilisation du banal
et du vulgaire... En un mot un antiwagnérisme. Leur exemple le plus insolite : le ballet des "Mariés de
la Tour Eiffel", écrit par Jean Cocteau. Une bouffonnerie déroutante !

Très jeune, Jean va vite découvrir les funestes nuances de la vie. Son père Georges Cocteau se
suicide dans son lit. Jean n'a alors que 9 ans, mais la mort, le suicide et le sang vont à tout jamais
préfigurer ses oeuvres ("Le Sang d'un Poète", "L'Aigle à Deux Têtes", "Le Testament d'Orphée"...).
Le tragique restera l'une des préoccupations majeures du poète, une exorcisation jamais comblée.

Sa mère élèvera donc seule cet être difficile qui refuse de grandir, trouvant dans les états pathologique
un moyen de se faire choyer.

Aidée par une gouvernante allemande, Cocteau découvrit, très tôt, le monde du spectacle et de l'illusion. Il s'émerveilla face à la beauté du cirque, face au prestige des divertissements du Châtelet ("Le Tour du Monde en 80 jours"). Entre trois grippes et deux utopies, il passera des heures, dans sa chambre, à improviser des spectacles autour de son petit théâtre miniature, où il réinvente les décors. La maladie a ses jeux, dont la quintessence ranime l'âme créatrice...


J'AIME LES AUTRES ET N'EXISTE QUE PAR EUX

La descente de Cocteau au pays des rêves va lui faire rater son baccalauréat au lycée Condorcet.
Mais c'est dans cette cour (des miracles) qu'il aperçut, pour la première fois, l'élève Dargelos, le
"premier symbole des forces sauvages qui nous habitent", le fantasme qui allait habiter chaque
compagnon de Cocteau, chaque personnage masculin de ses oeuvres. Sans équivoque, on retrouve
le personnage de Dargelos dans "Le Livre Blanc" et "Les Enfants Terribles".

En 1908, Cocteau, alors agé de 19 ans, fera la connaissance du célèbre tragédien Edouard de Max.
Ce dernier, fasciné par l'écriture de Jean, décida d'organiser une lecture de ses poèmes au Théâtre
Fémina, sur les Champs-Elysées. Dorénavant Jean Cocteau ne voudra fréquenter que les grands :
de Catulle Mendès à Marcel Proust en passant par la Comtesse de Noailles et les Rostand...
Il se promènera dans les rues de Paris, affichant un style très provoquant. Cocteau est devenu un dandy,
un "Prince Frivole" .

Cependant, sa rencontre, en 1910, avec Serge de Diaghilev, mécène et directeur de troupe Russe,
va bouleverser, irrémédiablement, tout son bel équilibre. "Le premier son de cloche, qui ne se terminera
qu'avec ma mort, me fut sonné par Diaghilev, une nuit, place de la Concorde. Nous rentrions de souper
après le spectacle. Nijinsky boudait, à son habitude. Il marchait devant nous. Diaghilev s'amusait de mes
ridicules. Comme je l'interrogeais sur sa réserve (j'étais habitué aux éloges), il s'arrêta, ajusta son
monocle et me dit : "Etonne-moi". Ce simple mot a fait réagir Cocteau comme une révélation.
Avec une volonté peu commune, il décida d'arrêter son existence superficielle et ira jusqu'à renier
ses oeuvres passées, qui lui avaient pourtant apportées le succès tant convoité. "La Lampe d'Aladin",
"Le Prince Frivole", "La Danse de Sophocle" seront réduit à néant. "Cette phrase me sauva d'une carrière
de brio. Je devinai vite qu'on n'étonne pas un Diaghilev. De cette minute, je décidai de mourir et de revivre.
Le travail fut long et atroce. Cette rupture, je la dois comme tant d'autres à cet ogre".


Du sens profond de cette phrase, Cocteau n'en prit réellement conscience qu'au terme de la
représentation (et du scandale !) du "Sacre du Printemps", par la troupe de Diaghilev en 1913.
"L'idée d'étonner ne m'était pas venue. J'étais d'une famille où on ne pensait pas du tout à étonner.
On croyait que l'art était une chose tranquille, calme, disparate [...] "Le Sacre du Printemps"
était pour moi la révélation d'une forme d'art opposée aux habitudes et anticonformiste".

"En 1917, le soir de la première de "Parade", je l'étonnai".

IL EST JUSTE QU'ON M'ENVISAGE APRES M'AVOIR DEVISAGE

Et c'est ainsi que Jean Cocteau entra, pour la deuxième fois, dans le monde.
Plus déterminé que jamais. Aiguisant son style anticonformiste et surréaliste
(mot inventé par Guillaume Apollinaire à l'occasion de la représentation de "Parade").
Depuis ce jour, les lauriers et les scandales s'associèrent aux oeuvres de Cocteau.

Pour son caractère irrationnels, "Parade" déconcerta. "La Machine à Ecrire" fût
violemment attaquée en 1941, pour avoir mal représentée la France. "Les Parents Terribles"
et d'autres écrits du poète n'échappèrent pas aux interdictions diverses.


Pour la plupart, ces chef-d'oeuvres de littérature trouveront un énorme succès auprès du public.

La presse fera un accueil triomphal à la sortie des "Enfants Terribles" en 1929. "La Voix Humaine"
(monologue téléphoné d'une femme à son amant qui la quitte) accédera à une carrière mondiale.

Il est possible que son entrée dans le monde étrange de l'opium en 1923, après la mort de son
ami Raymond Radiguet (auteur du "Diable au Corps", 1923), ait aiguisé son style unique...

Un poème

Souvenir de Naples

Le paradis, tombant, s'était cassé dans l'ombre.
Les coups de pistolets d'où naissent les colombes,
Faisaient mille marins s'envoler des vaisseaux,
Pour chercher, à taton, ses chiffres, ses morceaux.

On accrochait partout des balcons, des échelles;
Les femmes, n'ayant rien à se mettre sur elles,
Appelaient au secours de leur lit aux pieds d'or.
Les matelots entraient et changeaient le décor

Une morte, riant dans son cerceuil de verre,
Conduisait les chevaux de son char, ventre à terre;
( Ce char appartenait au marchand de coco),
C'était Herculanum, Pompéï, Jéricho.

Je n'ai jamais rien vu de plus fou sur terre.


Jean Cocteau


LE CINEMA EST UNE ENCRE DE LUMIERE

Après bien d'autres succès de poésie de roman, de poésie critique, de poésie de théâtre et de
poésie graphique , Jean Cocteau sera séduit par le cinématographe. Il en fera, bien sûr,
une poésie ! Il ne pouvait pas en être autrement. Cocteau se révéla ainsi à un public plus large.

"Le cinéma n'a pas attendu "Le Sang d'un Poète" pour exister dans l'oeuvre de Cocteau.
Il est partout dans "Le Cap de Bonne-espérance" . Il s'est infiltré dans les vers de "Plain-Chant".
Il est dans "Opéra" (Henri Langlois [1914-1977], l'un des créateurs, avec G.Franju et P.A. Harlé,
de la cinémathèque française).

Mais si "Le Sang d'un Poète" - ce "documentaire réaliste d'évènements irréels" - resta la curiosité
des psychiatres , son deuxième film, "La Belle et la Bête", réalisé en 1945, fût, en revanche,
un enchantement visuel pour les spectateurs venus en masse pour applaudir cet exploit lyrique et
technique. Mal accueilli au festival de Cannes en 1946, il ne reçut que le prix Louis Delluc !



Mais c'est avec "Le Testament d'Orphée" (1960), monté grâce à l'aide financière de François Truffaut,
que Jean Cocteau renoua avec le pur cinéma d'images. "Les producteurs [...] exigent un "sujet" et un
prétexte alors que la manière de dire, de montrer les choses, et de meubler l'écran est mille fois plus
important que ce qu'on y raconte" . Dans cet ultime grande oeuvre, Jean Cocteau dépassa la simple
complicité avec la mort. Il la transcenda en jouant son propre rôle. Trois ans plus tard, il la subira...
"Le Testament d'Orphée" est, très certainement, le catalogue de ce que possédait Cocteau : toute sa
poésie, ses rêves et ses angoisses, ses fantasmes et ses hallucinations y sont recensés. Ce fût,
sans aucun doute, son propre testament qu'il dévoila aux yeux de tous.

A l'instar de son premier film "Le Sang...", "Le Testament..." ne rencontra pas son public. Le travail de
Cocteau se trouva, une fois de plus, projeté dans le futur : "lorsqu'une oeuvre semble en avance sur
son époque, c'est simplement que son époque est en retard sur elle", lançait-il pour occulter sa peine.

IL FAUT ETRE UN HOMME VIVANT ET UN ARTISTE POSTHUME

Le 11 octobre 1963, en apprenant la mort de sa grande amie Edith Piaf, Cocteau se dit :
"c'est ma dernière journée sur cette terre", puis s'évanouie.

"Vivre me déroute plus que mourir" ("La Difficulté d'être"). Cocteau en profita discrètement
pour éteindre sa propre flamme, et entrer dans l'éternité. "Je ne redoute pas la mort.
Elle est comme une naissance à l'envers" .

JE RESTE PARMI VOUS (épitaphe)...

Il était inconcevable de raconter de raconter en quelques lignes toute la vie, toutes l'oeuvre
et toute l'imagerie du poète-académicien Jean Cocteau.

Je me suis donc limité à dénoncer les épreuves et les rencontres majeures de sa jeunesse,
lesquelles ayant, de toute évidence, influencé l'interprétation poétique du visionnaire.

"Tout ce que j'ai, me vient de l'enfance" a été son fil d'Ariane...

OEUVRES DE JEAN COCTEAU

Poésie
Poésie de roman
1909 La Lampe d'Aladin.
1910 Le Prince frivole.
1912 La Danse de Sophocle.
1919 Ode à Picasso.Le Cap de Bonne-Espérance.
1919 Le Potomak (édition définitive : 1924).
1920 Escale. Poésies (1917-1920).
1922 Vocabulaire.
1923 La Rose de François. Plain-Chant.
1923 Le Grand Ecart. Thomas l'imposteur.
1925 Cri écrit.
1926 L'Ange Heurtebise.
1927 Opéra.
1928 Le Livre blanc.
1929 Les Enfants terribles.
1934 Mythologie.
1939 Enigmes.
1940 La Fin du Potomak.
1941 Allégories.
1945 Léone.
1946 La crucifixion.
1948 Poèmes.
1952 Le Chiffre sept. La Nappe du Catalan (en collab. avec Georges Hugnet).
1953 Dentelles d'éternité. Appogiatures.
1954 Clair-Obscur.
1958 Paraprosodies.
1961 Cérémonial espagnol du Phénix. La Partie d'échecs.
1962 Le Requiem.
1968 Faire-Part (posthume).

Poésie de théâtre
Poésie critique
1921 Les Mariés de la tour Eiffel (Musique d'Auric, Honegger, Milhaud, Poulenc et Taillefer).
1922 Antigone.
1924 Roméo et Juliette.
1926 Orphée.
1930 La Voix humaine.
1934 La Machine infernale.
1936 L'Ecole des veuves.
1937 Oedipe-roi. Les Chevaliers de la Table ronde.
1938 Les Parents terribles.
1940 Les Monstres sacrés.
1941 La Machine à écrire.
1943 Renaud et Armide. L'Epouse injustement soupçonnée.
1946 L'Aigle à deux têtes.
1948 Théâtre I et II.
1960 Nouveau théâtre de poche.
1962 L'impromptu du Palais-Royal.
1971 Le Gendarme incompris (posthume, en collb. avec Raymond Radiguet).
1918 Le Coq et l'Arlequin.
1920 Carte blanche.
1922 Le Secret professionnel.
1926 Le Rappel à l'ordre. Lettre à Jacques Maritain.
1930 Opium.
1932 Essai de critique indirecte.
1935 Portraits-Souvenir.
1937 Mon Premier voyage (Tour du monde en 80 jours).
1943 Le Greco.
1946 La Belle et la Bête (journal du film).
1947 Le Foyer des artistes. La Difficulté d'être.
1949 Lettres aux Américains. Reines de la France. Maalesh (journal d'une tournée de théâtre).
1951 Jean Marais. Entretiens autour du cinématographe (avec André Fraigneau).
1952 Gide vivant.
1953 Journal d'un inconnu. Démarche d'un poète.
1955 Colette (discours de réception à l'Académie Royale de Belgique).Discours de réception à l'Académie française.
1956 Discours d'Oxford.
1957 Entretiens sur le musée de Dresde (avec Louis Aragon). La Corrida du 1er mai.
1959 Poésie critique I.
1960 Poésie critique II.
1962 Le Cordon ombilical.
1963 La Comtesse de Noailles, oui et on.
1964 Portrait Souvenir (posthume ;entretien avec Roger Stéphane).
1965 Entretiens avec André Fraigneau (posthume).
1973 Jean Cocteau par Jean Cocteau (posthume ; entretiens avec William Fielfield).
1973 Du cinématographe (posthume). Entretiens sur le cinématographe (posthume). Poésie de journalisme 1935-1938 (posthume).


Poésie graphique
Poésie cinémathographique
1924 Dessins.
1925 Le Mystère de Jean l'oiseleur.
1926 Maison de santé.
1929 25 dessins d'un dormeur.
1932 Le Sang d'un poète.
1935 Soixante dessins pour les Enfants terribles.
1941 Dessins en marge du texte des Chevaliers de la Table ronde.
1942 Dialogues du Baron fantôme, de S. de Poligny.
1943 Dialogues de L'Eternel retour, de Jean Delannoy.
1945 La Belle et la Bête.Dialogues des Dames dubois de Boulogne, de Robert Bresson.
1948 Drôle de ménage.
1947 Dialogues de Ruy Blas, de Pierre Billon. L'Aigle à deux têtes.
1948 Les Parents terribles.
1949 Orphée.
1957 La Chapelle Saint-Pierre, Villefranche-su-Mer.
1958 La Salle des mariages, hôtel de ville de Menton. La Chapelle Saint-Pierre (lithographies).
1959 Gondol des morts.
1959 Le Testament d'Orphée.
1960 Saint-Blaise-des-Simples.
1960 Dialogues de La Princesse de Clèves, de Jean Delannoy.


Journal intime
Ouvrages sur Jean COCTEAU
1983 Le Passé défini (posthume) - Cocteau Prince sans royaume, de Monique Lange
- Cocteau, d'André Fraigneau
- Histoires de ma vie, de Jean Marais
- L'inconcevable Jean Cocteau, de Jean Marais





dimanche 22 juillet 2007






Hitchcock, la légende du suspense


Jeunesse

Alfred Joseph Hitchcock est né le 13 août 1899 à Leytonstone dans la banlieue de Londres.

Son père (William) et sa mère (Emma) étaient épiciers en gros. Ils avaient loué une modeste épicerie
dans la rue principale de Leytonstone. Alfred était le cadet des trois enfants, l'ainé - William - était né en
1890 et sa soeur - Eileen - en 1892. Alfred gardera toute sa vie des rapports extrêmement distants avec
son frère et sa soeur. Le petit Alfred fut un enfant extrêmement solitaire et très peureux. Il dira plus tard :
- "Je ne me souviens pas d'avoir jamais eu un compagnon de jeu. Je m'amusais tout seul et je m'inventais des jeux"
- "Je connais la peur depuis mon enfance et je pense que c'est un sentiment universel que les gens aiment
éprouver quand ils se sentent en sécurité, comme c'est le cas lorsqu'ils sont assis dans une salle de cinéma.
Je déteste le suspense, c'est pourquoi je n'ai jamais voulu qu'on fasse un soufflé chez moi tant qu'il n'y a pas
eu un fourneau avec une porte en verre ! Il fallait attendre quarante minutes pour savoir si le soufflé était réussi
et c'était plus que je ne pouvais supporter".

De son père, Sir Alfred hérita d'un amour inconsidéré pour la nourriture ce qui explique l'allure rondouillarde
qu'il arbora relativement jeune, jusqu'à peser près de cent soixante kilos au début de sa carrière américaine !
Les films d'Alfred Hitchcock sont parsemés de références au métier de son père. Par exemple, dans le film
Agent secret, John Loder (le héros du film) se déguise en épicier pour démasquer des espions. Un des derniers
film d' Alfred Hitchcock, Frenzy, se déroule en grande partie dans le marché aux fruits et légumes de Covent Garden.
De même, le scénario du dernier film sur lequel Hitchcock a travaillé The short night contient quelques scènes du marché d'Helsinki.



En 1979, la princesse Grace de Monaco confiait:
"Hitchcock est français par son coté gourmet, il aime beaucoup la cuisine et les vins français. Quand nous avons tourné
La main au collet et déjà sur le tournage de fenêtre sur cour, Hitchcock faisait le régime car il voulait disposer de cinq kilos
"to play with", c'est à dire pour pouvoir grossir en mangeant bien en France. Quand il est arrivé pour tourner, il a mis trois jours
pour descendre de Paris à Cannes en s'arrètant dans les grands restaurants... "

L'anecdote la plus célèbre sur l'enfance du petit Alfred est l'épisode du commissariat de police qui fut raconté entre autres
par Patricia Hitchcock, la fille de Sir Alfred. Le père d'Alfred Hitchcock était un grand nerveux à l'humour difficile. Lorsqu'
Alfred était agé de quatre ou cinq ans, il l'envoya au commissariat (car le père y connaissait le commissaire) avec une lettre.
Après lecture de la lettre, le commissaire enferma le petit Alfred durant quelques minutes dans la cellule du poste de police !
En dehors du coté traumatisant de l'incident, la punition reçue par ce gamin de cinq ans fut des plus profitable pour le cinéma,
car la terreur qu'inspirait à Hitchcock les policiers se retrouve dans la majorité de ses films. Vous pouvez entendre Alfred
Hitchcock raconter cette anecdote.

La plupart du temps, Hitchcock se venge en présentant les policiers comme des incapables complètement à coté de la vérité.
Pour ne citer que les références les plus célèbres: La mort aux trousses, La main au collet ou bien Le crime était presque parfait.
Cependant, ce n'est que dans son dernier scénario The short night que l'histoire est citée textuellement.

Alfred Hitchcock s'en est également pris aux prêtres car ses parents (catholiques, chose rare en Angleterre) l'avait placé
un collège de Jésuites où le petit Alfred était terrorisé par les châtiments corporels. Cette animosité vis-à-vis du clergé se
retrouve entre-autres dans La loi du silence, Le faux coupable et Complot de famille.

A la mort de son père, Hitchcock quitte le collège pour entrer dans une école technique (School of Engineering and Navigation).
Contrairement à beaucoup de réalisateurs dont la composante littéraire est très affirmée, Hitchcock, restera toujours un amoureux de la technique et du perfectionnisme de scènes très complexes. Pour ne citer que les plus célèbres, la scène de la douche de Psychose ou bien celle des ciseaux dans Le crime était presque parfait.

Cette particularité du cinéaste lui vaudra certainement de n'avoir jamais été vraiment reconnu à sa juste valeur d'artiste et entre autres de n'avoir jamais eu d'oscar à Hollywood...

Pour gagner sa vie, le jeune Alfred (il a alors 19 ans) entre à la compagnie télégraphique Henley ; en même temps, il suit des cours de dessin à la section des Beaux-Arts de l'Université de Londres.

Grâce à ses dons pour le dessin et après avoir été spécialisé dans le calcul des câbles électriques sous-marins, il est muté
au service publicité de chez Henley.
Quelques temps plus tard, Hitchcock collabore avec la société américaine Famous Players-Lasky (filiale de Paramount) qui
ouvre une succursale à Londres.
Son travail consistait à illustrer les cartons affichés entre les séquences des films muets de l'époque. Les dons évidents du jeune Alfred pour le dessin font qu'il est définitivement embauché comme chef de la section des titres.
Il entreprend à cette époque (1922) la production et la réalisation d'un film qui ne sera jamais terminé (il ne fera que deux bobines) Number thirteen.

Hitchcock devient bientôt assistant metteur en scène dans la compagnie que Michael Balcon avait fondé et il propose de racheter les droits d'une pièce de théâtre intitulée Woman to woman dont il se propose de réaliser également le script. C'est lors de ce tournage qu'il rencontrera Alma Reville qui deviendra sa femme.

Hitchcock sera ensuite co-scénariste, décorateur, assistant réalisateur et même monteur sur The white shadow en 1923, Passionate adventure en 1924, Blackguard en 1925 et The prude's fall également en 1925.

Ce n'est qu'en 1926 qu'il réalisera son premier film en tant que réalisateur. Cette année 1926 sera particulièrement riche pour Alfred Hitchcock. Sur la proposition de Michael Balcon, il réalise son premier film, The pleasure garden.

Il réalise ensuite The moutain eagle qu'Alfred Hitchcock qualifiera lui-même de mauvais film et qui est considéré comme perdu (il n'en reste que quelques photos).

Cependant, le premier véritable Hitchcock picture est certainement The lodger également réalisé en 1926 qui contient tous les ingrédients des futurs succès : une fille blonde, un étrangleur, un locataire injustement soupçonné et un juste dénouement...

Il termine l'année par la réalisation de Downhill qui n'eut pas un grand succès.
En 1927 il réalise Easy virtue et The ring qui est un des rares films d'Hitchcock sans intrigue criminelle.
En 1928, il réalise The farmer's wife puis Champagne dont il dira lui-même c'est probablement ce qu'il y a de plus bas dans ma production.
En 1929, il réalise son dernier film muet The manxman puis Blackmail (Chantage) qui bénificiera de la nouvelle technique du cinéma parlant (il en existe une version muette et une parlante).



Dès lors commence pour Hitchcock la fabuleuse carrière que nous lui connaissons avec la période anglaise (jusqu'en 1939) et la période américaine à partir de 1940 avec le film Rebecca.

Cette filmographie décrit les 63 films réalisés (ou co-réalisés) par Alfred Hitchcock entre 1922 (Number thirteen, son premier film, inachevé) et 1980 (The short night, le dernier scénario sur lequel il a travaillé avant sa mort, le 29 avril 1980). Dans toute sa carrière, Hitchcock réalisera en fait 53 long métrages.
Hitchcock n'a bien entendu pas réalisé que des chef-d'oeuvres et les informations disponibles suivant les films sont inégales en quantité et également en qualité. Les films sur lesquels Hitchcock était assistant réalisateur (entre 1923 et 1925) sont cités en italique.
Alfred Hitchcock a tourné 54 films pour le cinéma et tous ont un point commun, un style reconnaissable entre mille dès les premières minutes du film.
Hitchcock a utilisé (et certains critiques lui reprocheront) les mêmes recettes tout au long de ses 54 films :

Le MacGuffin
Le MacGuffin est un concept fondamental dans le cinéma d'Hitchcock. L'origine du mot viendrait de l'histoire suivante, racontée par Hitchcock :
Deux voyageurs se trouvent dans un train en Angleterre. L'un dit à l'autre : "Excusez-moi Monsieur, mais qu'est-ce que ce paquet à l'aspect bizarre qui se trouve au-dessus de votre tête ? - Oh, c'est un MacGuffin. A quoi cela sert-il ? - Cela sert à piéger les lions dans les montagnes d'Ecosse - Mais il n'y a pas de lion dans les montagnes d'Ecosse - Alors il n'y a pas de MacGuffin" .
Hitchcock citait souvent cette histoire pour se moquer de ceux qui exigent une explication rationnelle à tous les éléments d'un film.
Ce qui l'intéresse c'est de manipuler le spectateur, de le promener au fil de l'histoire et qu'il ait aussi peur que le héros ou l'héroïne de son film (Hitchcock aimait dire qu'il faisait ses films avant tout pour les autres et qu'il avait beaucoup de mal à comprendre ceux qui réalisaient par pur nombrilisme).

Dans les films d'Hitchcock, le MacGuffin est souvent un élément de l'histoire qui sert à l'initialiser voire à la justifier mais qui s'avère en fait sans grande importance au cours du déroulement du film.
Dans Psychose, le MacGuffin est l'argent dérobé par Marion à son patron au début du film, il va sans dire que la suite est tellement prenante que l'argent est bien vite oublié, mais c'est lui qui a initialisé l'histoire.

Mais Hitchcock fait encore plus fort dans La mort aux trousses. Comme il le dit lui-même :
"Dans ce film, j'ai réduit le MacGuffin au minimum. Quand Cary Grant demande à l'agent de la CIA à propos du méchant James Mason : "Que fait cet homme ? Oh, disons qu'il est dans l'import-export de secrets d'état". Et c'est tout ce que nous devons dire. Mais toute histoire d'espionnage doit avoir son MacGuffin, que ce soit un microfilm ou un objet quelconque caché dans le talon d'un escarpin."

Les apparitions



A partir du film Rebecca, Hitchcock apparaîtra le plus souvent dans ses films au point que le spectateur est très déçu lorsqu'il n'arrive pas à le voir. Cette attitude est extrêmement rare chez un réalisateur car bon nombre d'entre eux ne se montrent jamais à l'écran. Ceci est encore une des ambiguïtés de la personnalité d'Hitchock qui fut toute sa vie complexé par son physique mais ne manqua pas une occasion de se montrer !

Certaines apparitions sont devenues presque plus célèbres que les films comme celle de L'inconnu du nord-express dans laquelle il monte dans un train avec une contrebasse.

La poursuite
La poursuite est un élément marquant des films d'Hitchcock. En octobre 1950 il déclarait :
"Dans la structure idéale pour une poursuite, le rythme et la complexité de la poursuite reflèteront avec précision l'intensité de la relation entre les personnages."
La poursuite représente un atout fondamental pour l'élaboration d'un scénario d'un film à suspense : poursuivi, le personnage principal est dérouté et se lance dans une folle fuite en avant qui alimente le scénario.
L'exemple même du film poursuite est La mort aux trousses dans lequel le personnage principal ne sait même pas pourquoi il est poursuivi...

Les escaliers
L'escalier est un élément majeur des films d'Hitchcock. Il apparaît dès les premiers films (dans The lodger par exemple), mais surtout dans Psychose lors du meurtre du détective Arbogast.
L'escalier est également utilisé dans Le crime était presque parfait. Même s'il n'y a pas la même dimension dramatique, c'est là que le méchant cache la clef de l'appartement...

L'influence d'Hitchcock est toujours présente dans beaucoup de films à suspense d'aujourd'hui (il y a des escaliers dans A double tranchant, Les nuits avec mon ennemi pour ne citer qu'eux).

Hitchcock et les femmes




Les films d'Hitchcock sont réputés pour leur pudibonderie apparente mais dégagent en même temps un érotisme certain. Le début de Psychose avec Marion en soutien-gorge étendue sur un lit dans la chaleur de Phoenix (Arizona) en est un vibrant exemple.

La période américaine du cinéaste (à partir de 1940) introduit le concept de la blonde hitchcockienne qu'Hitchcock s'amuse à manipuler, à métamorphoser tantôt en femme du monde, en voleuse, en psychopathe ou bien en espionne !

Hitchcock n'est pas homme à s'éprendre de ses créatures. Au moment de la sortie de Vertigo il clamait à qui voulait bien l'entendre : "Kim Novak n'est qu'une inconsistante cire qui m'a coûté les plus grandes peines à modeler. J'ai tout fait."
Une petite histoire que l'on raconte au sujet de K Novak, elle demande à hitchcock: quel est mon meilleur profile.
il répond: vous êtes assie dessus madame.

Les détracteurs

Comme tous les créateurs, Hitchcock a ses détracteurs, ceux qui pensent en particulier qu'il a toujours fait le même film en répétant inlassablement les mêmes recettes. En voici quelques exemples. En 1948, Jacques Doniol Vaccroze écrivait dans le numéro 15 de La revue du cinéma :
"Le cas d'Alfred Hitchcock laisse rêveur : tant d'art, tant de savoir, tant de métier au service d'une pensée - celle des autres - le plus souvent médiocre"
puis plus loin :
"On a beaucoup parlé d'un "style Hitchcock". Il me semble malaisé à définir. Tout au plus peut-on déceler dans cette suite de films une prédilection marquée pour un certain nombre d'objets - verres, tasses, meubles particuliers - chargés d'un poids de destin et qui parsèment l'oeuvre d'une symbolique personnelle, presque étrange, dont l'auteur ne nous donne pas la clef."

Ci-dessous une critique surréaliste de Vertigo extrait de la filmographie commentée du groupe POSITIF définissant eux-même ce document comme le bréviaire du parfait petit anti-hitchcockien en connaissance de cause : "VERTIGO (sueurs froides) 1956:
Un homme est en proie au fantôme d'une femme qu'il croit morte. Ce thème (diabolique dirait Clouzot) est exposé de telle façon que le spectateur comprenne bien que le fantôme n'est pas un vrai fantôme et que la morte ne l'est pas. La délicieuse Kim elle-même sort à grand peine de cette sombre histoire. Vieil habitué, Dieu apparaît cette fois sous les traits d'une nonne pour châtier le Mal. Il y a quelques agréables vues de San Francisco et d'interminables voyages en voiture, platement filmés en transparence."

La carrière d'Hitchcock est divisée en 2 parties : la période anglaise (jusqu'en 1939) et la période américaine (à partir de 1940).
La filmographie complète (de 1922 à 1980)
La période anglaise
Number thirteen (1922)
Woman to woman (1923)
The white shadow (1923), L'ombre blanche
The passionate adventure (1924), Abnégation
The blackguard (1925), Le voyou
The prude's fall (1923)
The pleasure garden (1925), Le jardin du plaisir
The mountain eagle (1926)
The lodger (1926), Les cheveux d'or
Downhill (1927)
Easy virtue (1927)
The ring (1927), Le masque de cuir
The farmer's wife (1928), Laquelle des trois ?
Champagne (1928), A l'américaine
The manxman (1929)
Blackmail (1929), Chantage
Juno and the Paycock (1929)
Murder (1930), Meurtre
The skin game (1931)
Rich and strang (1932), A l'est de Shangai
Number seventeen (1932), Numéro dix-sept
Wlatzes from Vienna (1934), Le chant du Danube
The man who knew too much (1934), L'homme qui en savait trop - première version
The thirty-nine steps (1935), Les trente-neuf marches
The secret agent (1936), Quatre de l'espionnage
Sabotage (1936), Agent secret
Young and innocent (1937), Jeune et innocent
The lady vanishes (1938), Une femme disparaît
Jamaica Inn (1939), La taverne de la Jamaïque

La période américaine
Rebecca (1940)
Foreign correspondent (1940), Correspondant 17
Mr. and Mrs. Smith (1941), Joies matrimoniales
Suspicion (1941), Soupçons
Saboteur (1942), Cinquième colonne
Shadow of a doubt (1943), L'ombre d'un doute
Lifeboat (1943)
Bon voyage (1944), court métrage
Aventure malgache (1944), court métrage
Spellbound (1945), La maison du Docteur Edwardes
Notorious (1946), Les enchaînés
The Paradine case (1947), Le procès Paradine
Rope (1948), La corde
Under Capricorn (1949), Les amants du Capricorne
Stage fright (1950), Le grand alibi
Strangers on a train (1951), L'inconnu du Nord-Express
I confess (1952), La loi du silence
Dial M for murder (1954), Le crime était presque parfait
Rear window (1954), Fenêtre sur cour
To catch a thief (1955), La main au collet
Trouble with Harry (1956), Mais qui a tué Harry ?
The man who knew too much (1956), L'homme qui en savait trop - deuxième version
The wrong man (1957), Le faux coupable
Vertigo (1958), Sueurs froides
North by Northwest (1959), La mort aux trousses
Psycho (1960), Psychose
The birds (1963), Les oiseaux
Marnie (1964), Pas de printemps pour Marnie

Torn curtain (1966), Le rideau déchiré
Topaz (1969), L'étau
Frenzy (1972)
Family plot (1976), Complot de famille
The short night (1980) - inachevé

La fin, goodby maestro...

La dernière réalisation d'Hitchcock, Complot de famille, en 1976 ne fut pas un grand succès. Hitchcock était conscient que les quelques louanges qu'il recevait de la presse spécialisée était plus dues au respect d'un monument de 76 ans du cinéma qu'à la qualité réelle de son film. De ce fait, Hitchcock ne tarda pas à se sentir misérable. François Truffaut qui tournait à l'époque L'homme qui aimait les femmes reçut une lettre datée du 20 octobre 1976 :
"En ce moment, je suis désespérement à la recherche d'un sujet. Maintenant, comme vous vous en rendez compte, vous êtes libre de faire tout ce que vous voulez. Mais moi, je ne peux faire que ce à quoi on s'attend venant de moi, c'est à dire un film policier ou à suspense et c'est ça que je trouve difficile à faire..."

Deux mois plus tard, il annonça pourtant au même Truffaut qu'il avait trouvé le sujet de sons 54 ème film. Il s'agissait de l'adaptation d'un roman d'espionnage de Ronald Kirkbride intitulé The short night.
L'entourage d'Alfred Hitchcock était pourtant très sceptique quant à l'avenir du film. Alma avait subi une attaque lors du tournage de Frenzy et était devenue impotente, Hitchcock lui-même souffrait d'arthrite et se déplaçait de plus en plus difficilement.

En 1979, une soirée d'hommage organisée par l'American Film Institute lui fut consacrée sous le nom de Live Achievement Award, titre à la fois pompeux et macabre. La soirée fut à la hauteur des pires craintes que l'on pouvait avoir. Elle fut présidée par Ingrid Bergman, elle même gravement atteinte d'un cancer. Tout le monde fut bouleversé de voir Alma et Alfred Hitchcock en si mauvais était. Ingrid Bergman eut cette remarque:"Pourquoi organise-t-on toujours ce genre de soirée quand il est trop tard ?"

Comme le dit François Truffaut :

"Alfred et Alma Hitchcock faisait acte de présence mais leur âme n'était plus là, ils n'était guère plus vivants que la maman d'Anthony Perkins, empaillée dans la cave de la maison gothique"

Les mois qui suivirent cette cérémonie confirmèrent l'état de délabrement alarmant de ce qui fut le maître du suspense. Hitchcock se rendait à son bureau mais n'y faisait pas grand chose mis à part boire d'énormes quantités de vodka et de cognac. Il ne recevait presque personne mis à part David Freeman auquel il racontait inlassablement ses souvenirs d'enfant et de débutant au cinéma. A partir d'avril 1979, l'ambiance au bureau d'Hitchcock se dégrada de manière dramatique, et sa secrétaire Suzanne Gauthier avait de plus en plus de mal à supporter les accès de sénilité, de fureur et les obscènités que lui faisait supporter le réalisateur.
La direction d'Universal ne savait comment se sortir de cette situation dramatique car il était hors de question de licencier un homme aussi auréolé de gloire mais d'un autre coté, il leur coutait extrèmement cher...
Le dénouement vint de la nouvelle de la mort de Victor Saville le 8 mai 1979. Il avait participé, avec Michael Balcon, John Freedman et Hitchcock lui-même à la constitution d'une société de production en 1923. Très choqué par la nouvelle, Hitchcock convoqua son personnel et leur annonça qu'il fermait définitivement son bureau...

A noël 1979, la reine d'Angleterre le nomma "grand chevalier de l'empire britannique" et lui accorda le titre de Sir Alfred Hitchcock. Il fit sa dernière apparition publique le 16 mars 1980 puis rédigea son testament et ne vit plus que sa fille Patricia jusqu'à sa mort le 29 avril 1980 à 9 heure 17. Le suspense était tombé...définitivement !

dimanche 8 juillet 2007

Diane Dufresne




Naître à 28 ans
Diane Dufresne naît en 1972 à l'âge de 28 ans. C'est un bel âge pour se mettre au monde : on est déjà assez vieux pour savoir ce que l'on veut et assez sage pour deviner qu'il faut maintenant rattraper le temps perdu. Parce qu'avant de s'inventer sur Tiens-toé ben, j'arrive, Diane se laisse mourir à petits feux en se conformant au rôle qu'on voudrait bien lui voir jouer, celui de la chanteuse straight.

En 1970 et 1971, François Cousineau lui fait enregistrer les chansons thèmes de L'Initiation, L'Amour humain, Sept fois par jour et Le Diable est parmi nous (sorti en 1972), les grands classiques du soft porn québécois. Ironiquement, et les textes et l'interprétation de la chanteuse s'avèrent d'une pudeur affectée. La voix est doucereuse, méconnaissable. On est à des années-lumière de la sexualité franche et épanouie de J'me sens ben ou de l'érotisme sado-masochiste de Rock pour un gars d'bicyc', gravés deux ans plus tard.

On comprend alors toute l'urgence et la violence qui habiteront le premier album de Diane Dufresne; celui dont elle accouche après sa rencontre fatidique avec Plamondon. Ce n'est pas un hasard si la première chanson de la face A s'intitule Rond-point. Dufresne y expose sa volonté de changement comme elle le fait 20 ans plus tard dans J'écris c'qui m'chante sur Détournement majeur.

Le titre même de son nouvel album s'affiche d'ailleurs comme un renvoi direct à ce premier rond-point qui l'a vu naître à renfort de vocalises et de cris primaux. On ne songe plus au courage qu'il a fallu à Diane Dufresne pour se défaire de son image préhistorique (certains diront pré-hystérique), mais quand on écoute sa voix sur Tiens-toé ben, j'arrive, c'est le vertige de Kamikaze (écrit 20 ans plus tard) que l'on entend, celui que la chanteuse n'a pu que ressentir à la veille de s'afficher pleinement comme la première rockeuse : "J'ai le coeur gros comme un building/Quand je r'monte sur le ring/Comme une kamikaaaaaaaaaaze"



Bien avant Madonna
S'il est une facette du discours dufresnesque qui demeure impensable sans la contribution directe de la chanteuse, c'est bien son indomptable propension à jouer les dominatrix.

Diane a beau feindre l'extase quand elle râle " J'veux qu'y m'passe sus l'corps avec son bicyc », c'est elle qui enfourche la moto quand elle interprète live les paroles de Plamondon (Sur mon 36, Forum 1980/Goodbye Rocky dans Halloween, Forum 1982). Avant même qu'il soit politiquement correct pour une femme d'afficher la violence de son énergie sexuelle, Diane Dufresne la célébrait avec toute l'insolence qu'on lui connaît.

DD chasseresse, squaw, strip-teaseuse, cartoon, sorcière, lionne, délinquante, Elsie saisie par le démon (Top secret, 1987) ; autant de personnages " revêtus » par la chanteuse pour se faire la prêtresse de nos fantasmes. Il y a quelque temps, les médias et le jeune public criaient à l'exploit parce que Madonna simulait la masturbation en spectacle.

Faut-il rappeler que Dufresne a déjà fait l'amour à Dieu sur une des scènes de la Place des Arts, orgasme inclus (Sans entr'acte, 1977) ? Comme s'il était lui-même sensible à cette ironie, Pierre Flynn a composé pour Détournement majeur un pastiche de Justify My Love, devenu Addict sous la plume de Dufresne.

Plus subtile et ludique que certains des mélodrames érotiques de Plamondon, la chanson confond la luxure aux plaisirs du tabagisme : " J'te veux, j'te prends, j'te désire/Et je t'écrase de plaisir/J'te mordille pour être tendre/Iras-tu jusqu'à mon ventre ».

Marque des vrais rockers, Dufresne ne peut s'empêcher de chanter avec ses hormones même quand elle s'éloigne de son répertoire proprement sexuel.

C'est toujours la dominatrix qui s'époumone sur La Fureur du cash ou qui s'en prend aux journalistes dans Les Scélérats. Évolution plutôt que scission, ce dernier règlement de comptes avec la presse se fait l'écho des lointaines Actualités (1975) de Plamondon et la compagne moins timide du texte de Pierre Grosz, Vous aurez de mes nouvelles par les journaux (1986).

Ce qui diffère cependant c'est que la musique est déjà superbe - l'étonnante Marie Bernard a composé, arrangé et réalisé un album qui possède toute la richesse et l'invention des versions live des compositions dufresnesques - et que le phrasé imaginé par Diane coule, glisse et s'entrechoque sur sa langue en une tirade d'insultes qui n'a jamais été aussi fielleuse: " T'es le magnat de la bisbille/L'escogriffe qui sort son suif/L'oeuvre est au noir dans tes cahiers » et plus loin, " T'es la tache d'encre de l'écriture/Ton amertume sort de ta plume/C'est sûrement pour ça/Qu'à lire le journal/On a les mains sales ». Et Diane de faire claquer son fouet.



Une tragédienne aux anges
Dans un tout autre registre, Diane Dufresne s'est aussi constitué un persona de grande tragédienne. Le personnage naît avec son exécution écorchée et suicidaire de L'Opéra Cirque (1973) - rappelez-vous Comme des chiens et La marche nuptiale des condamnés à mort - et prend de l'assurance avec l'expérience de Starmania où elle joue la sex-symbol sur son déclin.

Diane reprend le rôle pour Hollywood (1982) au Forum - spectacle hommage au glamour parfois dangereux du septième art - et le magnifie pour les besoins de Magie rose (1984), dans un Stade olympique où elle s'offre en sacrifice. La tragédienne revient plus tard, sur le mode du pastiche, dans Follement vôtre (1985), et complètement transfigurée dans Symphonique N'Roll (1988) pour lequel elle interprète Verdi et Mahler; l'opéra constituant le véhicule ultime de la diva.

Au coeur de la trajectoire, une pièce maîtresse : Le parc Belmont (1979). Dufresne l'adaptera de mille et une façons pour en faire ressortir toutes les nuances. Elle hante l'oeuvre clé de Plamondon et Christian St-Roch vêtue d'une crinoline trop grande pour elle qu'elle transforme en coeur battant (J'me mets sur mon 36) ; en élégante bourgeoise du 19e siècle démolissant la chaise qu'elle enfourche (Hollywood) ; comme la ballerine brisée d'une boîte à bijoux (Magie rose) ; en version baroque et féminine du Masque de la mort rouge au TNM (Top secret) ; et finalement, en prisonnière d'une robe symphonique devenant folle au son d'un boléro désaccordé (Symphonique N'Roll).

Jamais la disparité entre la version studio et les versions scéniques ne s'est fait autant remarquer. Dufresne a refaçonné Le parc Belmont jusqu'à la faire sienne, totalement.

Et jusqu'à vouloir l'épuiser pour s'en exorciser. Je serais d'ailleurs très surprise de l'entendre à nouveau par la bouche de sa maîtresse.

Il faut savoir que sur Détournement majeur, la tragédienne s'est découvert d'autres cauchemars à explorer et de nouvelles blessures à panser.

En l'occurrence, la solitude et la vieillesse - émouvante Cendrillon au coton qu'accompagne Louis Lortie au piano - et les horreurs surréalistes de New York Requiem, une pièce magistrale inspirée d'un fait divers.

Comme transportée hors d'elle-même par un étrange effet de synchronisme jungien (avec les grands esprits de Manhattan), Dufresne a commis une fresque fragmentée et impressionniste qui ne va pas sans rappeler l'écriture à la fois lyrique et moderniste de Stephen Sondheim (auteur de chansons de plusieurs comédies musicales, dont West Side Story), celle déployée dans son chef-d'oeuvre Sunday in the Park with George (1984).

À la beauté du parc décrit par l'Américain, la Québécoise oppose une vision sortie tout droit de l'enfer.

Diane Dufresne n'a sans doute jamais vu ou entendu Sunday in the Park with George, mais le dialogue presque mystique entre son requiem et le musical de Sondheim (il faut entendre, dans les deux pièces, l'utilisation des choeurs) n'est sans doute pas chose à surprendre celle qui parle aux anges. L'art et la musique ont de ces résonances... Comme Diane le dit elle-même sur Détournement majeur: " Que fait la musique aux changements cosmiques des couleurs » ?

Coda
Il y a 20 ans, elle chantait : " J'sais pas c'qui m'arrive mais y m'semble qu'y m'arrive que'que chose/J'sais pas où j'm'en vas mais y m'semble que j'm'en vas que'que part. »

Plume à la main et la voix plus belle que jamais, Diane Dufresne sait exactement ce qu'elle fait. Elle danse avec l'éternel

2005
Kurt Weill (avec l'OMGM)



2002
Grands succès, Les



2000
Merci



1998
Diane Dufresne



1993
Détournement majeur



1987
Top secret



1986
Follement vôtre



1984
Dioxine de carbone et son rayon rose



1982
Turbulences



1979
Olympia 78 volume 2



1979
Strip-tease



1978
Olympia 78 volume 1



1977
Maman, si tu m'voyais... tu s'rais fière de ta fille



1976
Mon premier show



1975
Sur la même longueur d'ondes



1973
Opéra cirque



1972
Tiens-toé ben, j'arrive

mercredi 20 juin 2007

Salvador Dali







Salvator Dali
La région de son enfance, la Catalogne, aura toujours une place privilégiée dans son œuvre comme dans sa vie. Son père Don Salvador Dali y Cusi [1] photo) était un homme autoritaire et aurait été responsable de la mort du frère ainé de Dalí[réf. nécessaire] appelé Salvador, né le 11 mai 1901 et décédé deux années plus tard.

À sept ans, il peint son premier tableau et veut être Napoléon. En 1922, après un bac obtenu facilement, Dalí entre à l'École des Beaux-Arts de San Fernando, à Madrid. Il se lie d'amitié avec Federico García Lorca et Luis Buñuel mais l'enseignement le déçoit et il se fait expulser pour avoir incité les étudiants à manifester contre l'incompétence d'un nouveau professeur [réf. nécessaire].


Salvador Dalí et Man Ray à Paris en 1934, photo par Carl Van Vechten, photographe américainEn 1926, il fait un premier voyage à Paris et y rencontre Pablo Picasso. Trois ans plus tard, il retourne dans la capitale française, en compagnie de Buñuel, pour le tournage d'Un chien andalou. C'est la rencontre décisive avec les surréalistes : Tristan Tzara, Louis Aragon, André Breton, Paul Éluard... et sa femme, Gala. L'apparition de celle-ci est une révélation : il l'a rêvée et peinte avant de la connaître ; ils ne se quitteront plus.

En 1932, Dalí participe à la première exposition surréaliste aux États-Unis et obtient un succès triomphal. Il accumule les idées et Gala essaie de vendre ses inventions souvent jugées trop folles. C'est le début de la méthode paranoïaque-critique qui veut crétiniser le monde, comme Alfred Jarry voulait le décerveler. Aux récits de rêves et à l'écriture automatique des surréalistes, Dalí ajoute l'objet irrationnel à fonctionnement symbolique. Cependant, à l'issue d'une réunion mémorable, il se fait exclure du mouvement par André Breton qui lui reproche ses actes contre-révolutionnaires. De 1939 à 1948, il s'exile à New York et ses toiles témoignent de ses découvertes du nouveau continent (Poésie d'Amérique, par exemple).


Monumental "Profile Of Time" exposed at Singapore - County Hall Gallery - Espace Dalí« Pour pénétrer dans la réalité, j'ai l'intuition géniale que je dispose d'une arme extraordinaire : le mysticisme, c'est-à-dire l'intuition profonde de ce qui est, la communication immédiate avec le tout, la vision absolue par la grâce de la vérité, par la grâce divine. »
Cette profession de mysticisme, Dalí va l'appliquer jusqu'à la fin de sa vie aux œuvres qu'il lui reste à créer. Le gigantisme atteint ses dernières toiles, grouillantes de personnages dionysiaques, où il réunit toutes les tendances en -isme : pointillisme, surréalisme, tachisme...

Dalí s'intéressa aussi à bien d'autres arts, et fut en particulier fasciné par le cinéma, la photographie, la mode ou la publicité. En outre, il était passionné par les sciences, notamment par la théorie de la relativité d'Albert Einstein qu'il a représentée à sa façon dans les célèbres « montres molles » de son tableau Persistance de la mémoire.

Selon le couple Lacroix, en 1980, Salvador Dalí aurait semble-t-il été victime d'une dépression nerveuse et ses proches vont commencer à régenter les visites que le maître reçoit.

Gala meurt en 1982 ; la même année, Dalí est fait marquis de Pubol où il vit dans le château qu'il a offert à sa femme. En mai 1983, il peint son dernier tableau, La queue d'aronde. En 1984, il est très gravement brûlé lors de l'incendie de sa chambre, au château de Pubol. Il meurt le 23 janvier 1989 d'une défaillance cardiaque. Conformément à sa volonté, il se fera embaumer puis exposer dans son "Teatre-Museu", où il repose désormais. Une simple pierre indique le lieu de sa sépulture. Par testament, il légue l'ensemble de ses biens et de son œuvre à l'État espagnol.



Son œuvre

Dalí et le monde de la publicité
Dalí n'a pas hésité à s'immerger dans la culture populaire à travers la publicité, pour laquelle il a créé des couvertures de magazines américains comme The American Weekly, Vogue, Town & Country, des pochettes de disques, et a travaillé pour les collants Bryans Hosiery, la bouteille Perrier, pour Alka Seltzer, pour Datsun, et surtout il a joué dans l'inoubliable spot à l'humour décalé « Je suis fou ! du chocolat Lanvin».

Dans l'autre sens, il a utilisé la publicité dans ses œuvres, tout en y intégrant des clins d'œil à la psychanalyse, ou aux travaux sur la relativité, par exemple : Projet interprétatif pour un bureau étable, bébé Pervers polymorphe de Freud, Appareil et la main, La Madone de Raphaël à la vitesse maximum. Il a aussi utilisé et détourné les techniques manipulatoires de la publicité pour réaliser son autopromotion dans le journal satirique Dalí News.


Dalí et le monde du cinéma

Gala à la fenêtre, sculpture à MarbellaDalí a aussi participé à la réalisation de plusieurs films :

en complicité avec Luis Buñuel, il a ouvert la voie au cinéma surréaliste avec deux films emblématiques : Un chien andalou en 1929 et L'Âge d'or en 1930 ;
en 1945, pour le film d'Alfred Hitchcock, La Maison du docteur Edwardes, il réalisa le décor de la scène du rêve (spellbound).
Dalí a fait 2 films :

aucours des années 50, réalisé par Robert Descharnes L'aventure prodigieuse de la Dentelliere et du Rhinocéros, association d'images et objets par la courbe logarithmique et le nombre d'or.
en 1979, réalisé par José Montes Baquer Voyage en Haute Mongolie

Le Septième Art et Hollywood l'ont aussi inspiré :

dans le tableau Shirley Temple, le monstre le plus jeune, le plus sacré du cinéma de son temps (1939), en sirène dévorant ses victimes ;
Les éléments du visage de Mae West, utilisés pour la décoration d'un appartement cosy où l'on remarque le Mae West Lips Sofa, sofa rouge inspiré des lèvres de l'artiste ;
En 1941, il commença à réaliser pour Walt Disney, un dessin animé de six minutes, appelé Destino. Cinq ans après, 15 secondes seulement avaient été réalisées et ce travail ne fut finalement terminé qu'en 2002.
Dalí a aussi réalisé seul des courts films expérimentaux surréalistes où il se met en scène. Dans l'un de ces films, réalisé au début des années 1970, Salvador Dalí raconte l'histoire d'un peuple disparu dont il a retrouvé la trace au cours d'un voyage en Haute-Mongolie. En fait, l'histoire est complètement inventée. Il a suffit à Dalí de déposer un peu de son urine sur la bague d'un stylo, d'attendre que la corrosion agisse, d'en filmer les effets à distance presque microscopique, le tout agrémenté d'un commentaire d'« historien ».

Les rapports de Dalí avec le cinéma ont fait l'objet en 2004 d'un film documentaire intitulé Cinéma Dalí.


Dalí et le monde du théâtre
Dalí a également participé à plusieurs projets liés au théâtre :

en 1927, il collabore avec Federico García Lorca pour la pièce Marina Pineda ;
il fut l'auteur du livret de Bacchanale, inspiré du Tannhäuser de Richard Wagner

Dalí et le monde de la mode
Dans le cadre de la pièce Bacchanale, il collabora avec Coco Chanel pour dessiner les costumes et les décors ;
Dans les années 1930, il participa à la création de quelques modèles de chapeau dont un célèbre en forme de chaussure, et avec la couturière Elsa Schiaparelli, il créa la robe « homard » ;
en 1950, avec Christian Dior, il imagina le fameux Costume de l'année 1945 à tiroirs.
En 1972, alors qu'Elvis Presley lui rend visite, Dalí est tellement fasciné par sa chemise "country" à motifs brodés et boutons de nacre que le chanteur la lui offre. Il la porte alors pour peindre "Dalí avec la chemise d'Elvis". Le maître racontera au couple Lacroix : « Quand Elvis Presley est venu me rencontrer dans mon atelier il a tout de suite remarqué que j'étais fasciné par sa chemise country. Au moment de partir il m'a dit : «Vous aimez ma chemise ?» Oui. Beaucoup. Sans un mot il a défait les boutons et est reparti torse nu. Depuis je ne la quitte jamais pour peindre. »
Dalí & la Mode : Depuis fin 2006, l'Espace Dalí a décidé, pour perpétuer cette relation entre Dalí et le monde de la Mode, de demander aux plus prestigieux noms de la Haute Couture française et internationale d’imaginer une « robe-hommage » au Maître. Le résultat ? Des créations surprenantes, magiques, surréalistes signées Paco Rabanne, Sonia Rykiel, Loris Azzaro, Hanae Mori, Moschino, Paul Smith, Trussardi…

Dalí, le design et la mode

Rhinocéros de Dalí à Puerto Banús (la sculpture pèse 3,6 t)Dalí, tout au long de sa vie et de son œuvre, a maintenu une longue et intense relation avec le monde polymorphique de la mode. Dans son désir permanent de matérialiser la capacité créative sans limite qui le singularisait, il explora les registres créatifs les plus hétérogènes du secteur de la mode, en laissant dans chacun d’eux sa marque de fabrique particulière.

Parmi les inventions dalíniennes dans le domaine de ce que nous pourrions appeler « la mode virtuelle » — puisque ses modèles sous forme d’écritures et de dessins, n’ont pas été réalisés — nous pouvons citer :

Les robes, avec de fausses intercalaires et bourrées d’anatomies factices, destinées à exciter l’imagination érotique, comme Dalí lui-même le commentait dans Vogue : « Toutes les femmes avec de faux seins dans le dos — insérés exactement à la place des omoplates — jouiront d’un aspect ailé. »
Le maquillage au niveau des joues creuses pour éliminer les ombres sous les yeux.
Les lunettes kaléidoscopiques particulièrement recommandées en voiture pendant les voyages ennuyeux.
Les faux ongles composés de mini miroirs dans lesquels on peut se contempler, spécialement adaptés pour accompagner les costumes du soir.
Les chaussures musicales de printemps pour égayer les promenades.
Mais Dalí ne se limita pas à imaginer des croquis de mode « virtuels », il collabora aussi à la réalisation de dessins « réels » comme :

Les robes qu’Edward James lui demanda de créer pour son amie l’actrice Ruth Ford et qui furent réalisées par Elsa Schiaparelli, la couturière italienne de Haute Couture installée à Paris, avec qui il collabora tout au long des années 1980 pour les motifs des tissus et pour les dessins de décoration de ses robes et chapeaux, parmi eux, le célèbre « chapeau-chaussure » qui fait déjà partie de l’imaginaire du surréaliste.
Les modèles pour les représentations sur scène : de ses premiers croquis avec la réalisation des costumes du modèle Mariana Pineda jusqu’à ses dessins pour de nombreux ballets et œuvres de théâtre, dans lequel participaient parmi les plus connus, les modèles que son amie Coco Chanel avait créés pour « Bacchanale », le premier ballet « paranoïaque-kinétique ».
Les maillots de bain féminins qui compriment totalement les seins, pour camoufler le buste et donner ainsi un aspect angélique.
Le smoking aphrodisiaque recouvert de verres de liqueur remplis de peppermint frappé.
Les cravates que Georges McCurrach lui demanda de dessiner avec les motifs iconographiques emblématiques Dalíniens : les lèvres collées à un téléphone-langouste, des fourmis pullulant sur les montres molles…
Le design capillaire de ses moustaches-antennes métamorphiques.
Les flacons de parfums Dalíniens, de « Rock and Roll » dessinés par Mrs Mafalda Davis — une « eau de toilette » pour homme qui se vendait plus cher que Dior — jusqu’à son dernier parfum dont le flacon s’inspirait de « L’apparition du visage de l’Aphrodite de Cnide dans un paysage. », en passant par « Shocking », le parfum rose de Schiaparelli dont il réalisa la publicité.
Les fantastiques bijoux que Gala, grande admiratrice du bijoutier mythique Fabergé, l’invita à dessiner à partir de ses propres iconographies.

La publicité pour les entreprises de mode américaine--comme la célèbre campagne de publicité pour les bas Bryans que Vogue publia.
Les déguisements pour les danses de carême, en commençant par la polémique sur la tenue de Gala dans « la danse onirique » réalisée en son honneur par Caresse Crosby dans le Coq Rouge de New York, jusqu’aux robes vénitiennes démesurément longues pour le bal du Carnaval au Palazo Beistegui, que Christian Dior réalisa à partir d’un dessin de Dalí.
Mais le dandy qu’était Dalí — il réussit à se faire élire Homme le plus élégant en FranceModèle:Réference nécessaire — ne s’est pas limité à concevoir des modèles pour ses femmes aux hanches proéminentes — les femmes coccyx — et imberbes au niveau des aisselles — comme les nordiques du type de Greta Garbo — au contraire, dans le cadre de son roman "Hidden Faces", il conçut une maison de couture pour les voitures aux lignes aérodynamiques: robes du soir très formelles avec d’énormes cols rabattus, toilettes du soir très élégantes aux décolletés profonds faisant ressortir les radiateurs entre des froufrous d’organdi et de larges bandes de satin pour les soirées de Gala! Hermine pour tapisser les capotes convertibles des décapotables, avec les poignées des portières en peau de phoque et manchon de bison pour couvrir le moteur ! La matérialisation de ce design Dalínien doublait automatiquement les podiums de mode et le passage des automobiles accessoirisées augmentait la part du fantastique…


La Toile Daligram
Salvador Dalí crée La Toile Daligram à la fin des années 1960, à partir d'un étui de Louis Vuitton. Il réinterprète les monogrammes de La Maison Vuitton et décline sa propre ligne d'objets monogrammés, les "Daligrammes", pour lui et Gala, mais aussi pour les offrir à ses amis et aux collectionneurs de ses œuvres.

Dalí, tout au long de son existence, a ressenti une passion intarissable pour le graphisme. On retrouve une profusion délirante de ses dessins graphiques dès ses premières esquisses, dans ses cahiers et manuels scolaires, jusqu’au Traité d’Ecriture Catastrophéiforme, un manuscrit de vingt-neuf pages calligraphiées, qu’il écrivit de manière impulsive après la mort de Gala. Déjà cloîtré dans son Château de Púbol, il passa par les lettres qu’il inventa pour créer un alphabet Dalínien alors qu’ il se trouvait plongé au milieu du chemin de sa dantesque vie. La trame de ces tracées discontinus est le résultat d’une écriture énigmatique et idéographique, configurée par d’étonnantes stèles de sa propre personne, des anagrammes du corps érogène, des marques sismographiques d’une vie secrète, qui nous introduisent dans un monde d’une somptueuse cosmographie où les lignes de peinture, de dessin et d’écriture sont mutuellement attirées et s’entrelacent en un point invisible, dont de la noirceur de l’encre de chine jaillit une constellation extraordinaire de lettres qui volent à travers l’espace des pages blanches, hors de toute espérance. Dès le premier regard, la sensuelle volupté des lettre, leur délicate violence, nous attire et nous invite à jouir, les yeux fermés, des formes euphorisantes et lubrifiées par la main virtuelle qui se glisse fébrilement comme machinalement poussé par d’évanescentes et fugaces pulsions et qui esquive furtivement la triviale répétition du stéréotype alphabétique. Ces Daligrammes orthographiques de Artsmode Network S.A, dessinés spécifiquement par Dalí pour les article de maroquinerie, établissent un lien frappant avec les monogrammes et les calligraphies du légendaire malletier Louis Vuitton, dont le design des valises, des secrétaire, des sacs de voyage et de tous types d’accessoires conjuguent l’art du voyage avec l’art de vivre, des arts qui au sein de l’esthétique Dalínienne se transforment en une machine de guerre au service du désir, dans sa lutte contre la suprématie du Principe de Réalité.


Dalí et la science
Dalí était un avide lecteur de littérature scientifique qui recherchait la compagnie des hommes de science, parmi lesquels des prix Nobel, avec lesquels il pouvait discuter aussi bien de mécanique quantique que de mathématiques ou de génétique. Sa fascination pour la science se retrouve dans son art. Cet aspect méconnu de sa personnalité a fait l'objet en 2004 d'un film documentaire intitulé The Dali Dimension: A Genius’ Lifelong Obsession with Science.

A rendu de l'amitié avec l'historien et scientifique Alexandre Deulofeu, aussi ampourdanais comme lui-même.


Désintégration de la persistance de la mémoire
Dalí, dans le préambule de son Manifeste de l’Antimatière (1958) explique que : « Durant la période surréaliste, j’ai voulu créer l’iconographie du monde intérieur, le monde merveilleux de mon père Freud et j’y suis arrivé. A partir des années 1950, le monde extérieur — celui de la physique — a transcendé celui de la psychologie. Mon père, aujourd’hui, est le Docteur Heisenberg », se référant au chercheur allemand, spécialisé dans le domaine de la mécanique quantique, qui reçu le Prix Nobel en 1932. « Désintégration de la persistance de la mémoire », née entre 1952 et 1954 et qui reprend « La persistance de la Mémoire » (1931), constitue une œuvre emblématique de cette soi-disante reconversion des coordonnées de la cosmogonie psychanalytique en coordonnées de la quatrième dimension, modulées par la relativité de l’interaction espaciotemporelle au sein de l’équation espace-temps: une nouvelle cosmogonie engendrée par la Révolution scientifique du milieu du siècle dernier.

De l’exploration freudienne de la persistance de la mémoire inconsciente du sujet humain, nous passons à la vertigineuse démolition des structures de la matière réalisée à l’aide de la physique nucléaire, où dans cet espace corpusculaire, les montres molles de l’imagination onirique pénètrent à l’intérieur des particules microscopiques. La méthode paranoïaque-critique, télédirigée par le nucléaire mystique, nous donne accès à la nouvelle cosmogonie Dalínienne, où nous pouvons admirer la persistance de la mémoire en voie de désintégration et la matière en processus permanent de dématérialisation.


Dalí et le monde de la photographie
Dalí montra aussi un réel intérêt pour la photographie à laquelle il donna une place importante dans son œuvre. Il harmonise les décors et les photographes comme un peintre travaille sa toile avec ses pinceaux. Dalí photographe est la révélation d'une partie majeure et méconnue de la création dalinienne. Il travailla avec des photographes comme Man Ray, Brassaï, Cecil Beaton, Philippe Halsman. Avec ce dernier il créa la fameuse série Dalí Atomicus. C'est sans aucuns doute Robert Descharnes, son ami collaborateur-photographe pendant 40 années, qui a fait le plus de clichés de Dalí, l'homme et son oeuvre.


Dalí à Paris en 1934, par Carl Van VechtenAvec le photographe de mode Marc Lacroix, Dalí posa, en 1970, pour une série de portraits où il s'est mis en scène, dans des photos délirantes : "Dalí à la couronne d'araignée de mer", "Dalí à la chemise d'Elvis Presley", "Dalí à l'oreille fleurie", "Avida Dollars", avec le portrait de Dalí, au-dessus d'une enseigne de la Banque de France, entouré de billets à son effigie, "Dalí en extase au-dessus d'un nid d'oursins dans la piscine phallique", etc. Toujours avec Marc Lacroix, il va tenter une expérience à laquelle il songe depuis toujours : la peinture en trois dimensions, qui se concrétisera dans le tableau "Huit Pupilles", fait à l'aide d'un appareil-prototype à prise de vue stéréoscopique : des images doubles presque similaires qui observées simultanément deviennent, par la magie des lois de l'optique, une seule et même image avec une profondeur.

L'une des images les plus marquantes est celle du peintre coiffé d'un chapeau haut de forme sur les côtés duquel il a disposé des masques de Joconde. Selon Thérèse Lacroix il l'a créé pour sa participation à un bal donné par la baronne Rothschild. Seule une moitié du visage de Dalí apparaît au milieu des sourires énigmatiques figés





Dalí Sculpteur
Le souhait de Dalí était de traduire en volume et matière solide les fétiches et obsessions issus de son inconscient. C’est ainsi qu’il restitua sous forme de sculptures les grands thèmes de son œuvre picturale.

Dans la "Vie secrète", l’un de ses récits autobiographiques, Salvador Dalí raconte qu’enfant, il fit un modelage de la Venus de Milo car elle figurait sur sa boîte de crayon : ce fut son premier essai de sculpture.

Dès les années 30, Dalí s’essaye à la troisième dimension. En tant qu’artiste surréaliste tentant de traduire l’inconscient, les rêves, les sentiments et dans la lignée de Marcel Duchamp avec ses ready-made (Fontaine 1917), il s’intéresse à l’art de « l’objet » utilisant des matériaux et des matières inattendues.


Monumental "Nobility Of Time" exposed at London - Espace DalíIl crée des objets à fonctionnement symbolique comme Le Buste de Femme Rétrospectif en assemblant une marotte de modiste en porcelaine peinte avec différents autres objets de récupération (1933). L’objet surréaliste n’est pas pratique, il ne sert à rien à part attendrir les hommes, les épuiser, les abêtir. L’objet surréaliste est fait uniquement pour l’honneur, il n’a pas d’autre but que l’honneur de la pensée.

Progressivement, Dalí revient à une technique traditionnelle. Il commence par une pâte molle de cire à laquelle il impose la forme qu’il veut en concrétisant l’irrationalité de son imagination. Puis, il donne la dureté nécessaire à sa création en la coulant en bronze pour qu’elle puisse prendre place dans le monde extérieur. Ces sculptures sont réalisées selon la technique dite à la cire perdue* . Elles représentent un aspect significatif de la création artistique de Dalí et fournissent une synthèse de son intérêt pour la forme. Ces sculptures en bronze sont effectivement du surréalisme dans la troisième dimension.


Conçues par Dalí et réalisées à partir de ses plus célèbres tableaux, les sculptures en bronze, telles que la Persistance de la Mémoire, le Profil du Temps, la Noblesse du Temps, Vénus à la girafe, Le Toréador hallucinogène, La Vénus spatiale, Alice au pays des Merveilles, l’Eléphant spatial témoignent avec une vigueur extrême de la force d’expression de ses images iconographiques surréelles.

Technique de la fonte à la cire perdue :
Cette technique permet de fabriquer des objets en métal à partir d’un modèle en cire. La cire est recouverte d’une mixture réfractaire pour former un moule. Le moule est soumis à une source de chaleur pour faire fondre la cire. Cette opération s’appelle le décirage. Lorsque le moule est vide, il est rempli de métal liquide. Plus tard, le moule bivalve est ouvert pour mettre à jour l’objet brut de fonderie. Des opérations de finition sont alors exécutées pour apporter le bel aspect à l’objet: ébarbage, réparure, ciselure et patine.

l'Espace Dalí présente la collection comprennant plus d’une quinzaine de sculptures originales conférant à cette exposition son statut de plus importante collection en France.

Dalí et l'architecture

Perseo, sculpture à MarbellaEn 1939, pour l'exposition universelle, il créa le pavillon Dream of Venus. Il s'agissait d'une attraction foraine surréaliste, avec entre autres, une Vénus terrassée par la fièvre de l'amour sur un lit de satin rouge, des sirènes et des girafes. De cette maison, il n'en reste plus que le souvenir, une quarantaine de photos d'Éric Schaal, un film de huit minutes, et le somptueux quadriptyque aux montres molles, conservé au Japon.

Le peintre a fait du surréalisme un art de vivre. À Port Lligat, il a décoré sa maison à sa manière, "en prince du kitsch, de l'ironie et de la dérision". Sa bibliothèque est volontairement inaccessible, avec des rangées de livres installées au plus haut du mur, afin que nul ne puisse les atteindre. Dans l'axe de la piscine phallique, un temple avec une grande table d'autel, où il s'abrite du soleil et reçoit ses amis. Le fond de sa piscine, à la forme phallique, est tapissé d'oursins; il s'agit d'une commande du maître au sculpteur César qui a réalisé une coulée de polyester pour "marcher sur les oursins comme le Christ a marché sur les eaux". Le patio a la forme d'une silhouette de femme tirée de L'Angélique de Millet. Le canapé est fait selon un moulage des lèvres de Mae West. Le mur du fond, appelé "mur Pirelli" est décoré avec de grandes publicités de pneus.


Dalí et la littérature
Dalí a écrit, pendant la guerre, un unique roman Visages Cachés. Il y met en scène l'aristocratie française durant cette même guerre, et notamment la passion amoureuse de deux personnages, le duc de Grandsailles et Solange de Cléda. Cette dernière est l'illustration de ce qu'il a lui même nommé le "clédalisme" ayant pour but de clore "la trilogie passionelle inaugurée par le Marquis de Sade" dont les deux premiers éléments sont sadisme et masochisme. Dalí est également l'auteur de textes qui exposent ses idées, sa conception de la peinture et donnent des éléments biographiques très intéressants pour comprendre la genèse de certains de ses tableaux. Ces textes qui ont élé longtemps difficiles à trouver sont actuellement réédités sous les titres suivants :

La vie secrète de Salvador Dalí qui donne les éléments biographiques les plus intéressants notamment sur son enfance, ses relations problématiques avec son père et la conviction acquise dès l'enfance qu'il était un génie.
Journal d'un génie qui couvre les années 1952 à 1963.
Oui qui expose ses conceptions théoriques dans deux grands textes : La révolution paranoïaque-critique qui est sans doute l'un de ses textes le plus important et L'archangélisme scientifique
Salvador Dalí a aussi illustré Fantastic memories (1945), La Maison sans fenêtres, Le labyrinthe (1949) et La Limite (1951) de Maurice Sandoz, dont il fit connaissance à New York au début des années 1940.


Dalí et la sexualité
Dans son livre Dalí et moi, Catherine Millet révèle que le fil conducteur de l'œuvre de Dalí est le sexe : onanisme, scatologie, impuissance, abstinence, voyeurisme, seraient les secrets intimes du peintre.

Dalí se vantait d'être impuissant, d'où sa propension à peindre des objets mous. Il n'aurait connu qu'une seule femme, Gala, l'unique qui le guérit de sa phobie des femmes qu'il a longtemps comparées à des mantes religieuses.

Il invitait souvent à ses soirées Amanda Lear dont il se plaisait, par espièglerie ou malice, à faire croire à ses interlocuteurs qu'elle était un homme. Alors inconnue, Amanda Lear comprit tout le parti qu'elle pourrait tirer, dans les médias, de cette sulfureuse réputation et s'autoproclama "égérie de Salvador Dali".

Il adorait particulièrement les femmes peintes par Johannes Vermeer. Dans le musée qu'il a conçu à Figueres, Dali rend hommage à l'actrice Mae West, sexe-symbole de l'entre-deux-guerres.

Au final, Catherine Millet, s'interroge sur la puissance créatrice et l'image de soi, et révèle que les fantasmes de Dalí sont essentiellement existentiels ; c'est pour cela qu'il aurait fait de sa propre vie une œuvre d'art, afin de se libérer de tout narcissisme dans le but d'exister dans le regard des autres.


Ses œuvres
Salvador Dali a peint 1648 toiles.


Salvador DalíListe non exhaustive de ses œuvres :

1929 : L'énigme du désir : ma mère, ma mère, ma mère - Portrait de Paul Éluard
1930 : Fonctionnement symbolique d'un objet scatologique
1931 : La persistance de la mémoire.
Hallucination partielle Six images de Lénine sur un piano
1932 : Méditation sur la harpe- "naissances des plaisirs liquides"
1934 : Enfant géopolitique observant la naissance de l'homme nouveau - Vestiges ataviques après la pluie - Le sevrage du meuble-aliment
1935 : Réminiscence archéologique de l'Angelus de Millet
1936 : Construction molle avec des haricots bouillis : Prémonition de la guerre civile - Cannibalisme en automne - Les Girafes allégées - Le Téléphone homard
1937 : La Métamorphose de Narcisse - Cygnes réfléchissant des éléphants
1938 : " L'enigme sans fin"
1939 : Le Rêve de Vénus, Shirley Temple, le monstre le plus jeune, le plus sacré de son temps
1940 : Marché d'esclaves avec le buste de Voltaire disparaissant
1940 : vieillesse ,adolescance,enfance
1941 : Le Miel est plus doux que le sang
1944 : Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une pomme-grenade une seconde avant l'éveil
1946 : La Tentation de Saint Antoine
1948 : Léda Atomica
1949 : La Madone de Port Lligat
1949 : La Maison Surréaliste
1951 : Le Christ de Saint Jean de la Croix

1954 : Dalí nu en contemplation devant cinq corps réguliers métamorphosés en corpuscules, dans lesquels apparaît soudainement la Léda chromosomatisée par le visage de Gala - Le Colosse de Rhodes - Crucifixion - Jeune vierge autosodomisée par sa propre chasteté - Autoportrait en Mona Lisa
1956 : Nature morte vivante
1959 : Paysage aux Papillons - Apparition du visage d'Aphrodite
1965 : La Gare de Perpignan

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1969 : Le Toréador halluciné
1972 La Toile Dalígram
Un Christ dentrite long de 12 mètres composé avec des débris laissés sur la plage après une terrible tempête.