dimanche 22 juillet 2007






Hitchcock, la légende du suspense


Jeunesse

Alfred Joseph Hitchcock est né le 13 août 1899 à Leytonstone dans la banlieue de Londres.

Son père (William) et sa mère (Emma) étaient épiciers en gros. Ils avaient loué une modeste épicerie
dans la rue principale de Leytonstone. Alfred était le cadet des trois enfants, l'ainé - William - était né en
1890 et sa soeur - Eileen - en 1892. Alfred gardera toute sa vie des rapports extrêmement distants avec
son frère et sa soeur. Le petit Alfred fut un enfant extrêmement solitaire et très peureux. Il dira plus tard :
- "Je ne me souviens pas d'avoir jamais eu un compagnon de jeu. Je m'amusais tout seul et je m'inventais des jeux"
- "Je connais la peur depuis mon enfance et je pense que c'est un sentiment universel que les gens aiment
éprouver quand ils se sentent en sécurité, comme c'est le cas lorsqu'ils sont assis dans une salle de cinéma.
Je déteste le suspense, c'est pourquoi je n'ai jamais voulu qu'on fasse un soufflé chez moi tant qu'il n'y a pas
eu un fourneau avec une porte en verre ! Il fallait attendre quarante minutes pour savoir si le soufflé était réussi
et c'était plus que je ne pouvais supporter".

De son père, Sir Alfred hérita d'un amour inconsidéré pour la nourriture ce qui explique l'allure rondouillarde
qu'il arbora relativement jeune, jusqu'à peser près de cent soixante kilos au début de sa carrière américaine !
Les films d'Alfred Hitchcock sont parsemés de références au métier de son père. Par exemple, dans le film
Agent secret, John Loder (le héros du film) se déguise en épicier pour démasquer des espions. Un des derniers
film d' Alfred Hitchcock, Frenzy, se déroule en grande partie dans le marché aux fruits et légumes de Covent Garden.
De même, le scénario du dernier film sur lequel Hitchcock a travaillé The short night contient quelques scènes du marché d'Helsinki.



En 1979, la princesse Grace de Monaco confiait:
"Hitchcock est français par son coté gourmet, il aime beaucoup la cuisine et les vins français. Quand nous avons tourné
La main au collet et déjà sur le tournage de fenêtre sur cour, Hitchcock faisait le régime car il voulait disposer de cinq kilos
"to play with", c'est à dire pour pouvoir grossir en mangeant bien en France. Quand il est arrivé pour tourner, il a mis trois jours
pour descendre de Paris à Cannes en s'arrètant dans les grands restaurants... "

L'anecdote la plus célèbre sur l'enfance du petit Alfred est l'épisode du commissariat de police qui fut raconté entre autres
par Patricia Hitchcock, la fille de Sir Alfred. Le père d'Alfred Hitchcock était un grand nerveux à l'humour difficile. Lorsqu'
Alfred était agé de quatre ou cinq ans, il l'envoya au commissariat (car le père y connaissait le commissaire) avec une lettre.
Après lecture de la lettre, le commissaire enferma le petit Alfred durant quelques minutes dans la cellule du poste de police !
En dehors du coté traumatisant de l'incident, la punition reçue par ce gamin de cinq ans fut des plus profitable pour le cinéma,
car la terreur qu'inspirait à Hitchcock les policiers se retrouve dans la majorité de ses films. Vous pouvez entendre Alfred
Hitchcock raconter cette anecdote.

La plupart du temps, Hitchcock se venge en présentant les policiers comme des incapables complètement à coté de la vérité.
Pour ne citer que les références les plus célèbres: La mort aux trousses, La main au collet ou bien Le crime était presque parfait.
Cependant, ce n'est que dans son dernier scénario The short night que l'histoire est citée textuellement.

Alfred Hitchcock s'en est également pris aux prêtres car ses parents (catholiques, chose rare en Angleterre) l'avait placé
un collège de Jésuites où le petit Alfred était terrorisé par les châtiments corporels. Cette animosité vis-à-vis du clergé se
retrouve entre-autres dans La loi du silence, Le faux coupable et Complot de famille.

A la mort de son père, Hitchcock quitte le collège pour entrer dans une école technique (School of Engineering and Navigation).
Contrairement à beaucoup de réalisateurs dont la composante littéraire est très affirmée, Hitchcock, restera toujours un amoureux de la technique et du perfectionnisme de scènes très complexes. Pour ne citer que les plus célèbres, la scène de la douche de Psychose ou bien celle des ciseaux dans Le crime était presque parfait.

Cette particularité du cinéaste lui vaudra certainement de n'avoir jamais été vraiment reconnu à sa juste valeur d'artiste et entre autres de n'avoir jamais eu d'oscar à Hollywood...

Pour gagner sa vie, le jeune Alfred (il a alors 19 ans) entre à la compagnie télégraphique Henley ; en même temps, il suit des cours de dessin à la section des Beaux-Arts de l'Université de Londres.

Grâce à ses dons pour le dessin et après avoir été spécialisé dans le calcul des câbles électriques sous-marins, il est muté
au service publicité de chez Henley.
Quelques temps plus tard, Hitchcock collabore avec la société américaine Famous Players-Lasky (filiale de Paramount) qui
ouvre une succursale à Londres.
Son travail consistait à illustrer les cartons affichés entre les séquences des films muets de l'époque. Les dons évidents du jeune Alfred pour le dessin font qu'il est définitivement embauché comme chef de la section des titres.
Il entreprend à cette époque (1922) la production et la réalisation d'un film qui ne sera jamais terminé (il ne fera que deux bobines) Number thirteen.

Hitchcock devient bientôt assistant metteur en scène dans la compagnie que Michael Balcon avait fondé et il propose de racheter les droits d'une pièce de théâtre intitulée Woman to woman dont il se propose de réaliser également le script. C'est lors de ce tournage qu'il rencontrera Alma Reville qui deviendra sa femme.

Hitchcock sera ensuite co-scénariste, décorateur, assistant réalisateur et même monteur sur The white shadow en 1923, Passionate adventure en 1924, Blackguard en 1925 et The prude's fall également en 1925.

Ce n'est qu'en 1926 qu'il réalisera son premier film en tant que réalisateur. Cette année 1926 sera particulièrement riche pour Alfred Hitchcock. Sur la proposition de Michael Balcon, il réalise son premier film, The pleasure garden.

Il réalise ensuite The moutain eagle qu'Alfred Hitchcock qualifiera lui-même de mauvais film et qui est considéré comme perdu (il n'en reste que quelques photos).

Cependant, le premier véritable Hitchcock picture est certainement The lodger également réalisé en 1926 qui contient tous les ingrédients des futurs succès : une fille blonde, un étrangleur, un locataire injustement soupçonné et un juste dénouement...

Il termine l'année par la réalisation de Downhill qui n'eut pas un grand succès.
En 1927 il réalise Easy virtue et The ring qui est un des rares films d'Hitchcock sans intrigue criminelle.
En 1928, il réalise The farmer's wife puis Champagne dont il dira lui-même c'est probablement ce qu'il y a de plus bas dans ma production.
En 1929, il réalise son dernier film muet The manxman puis Blackmail (Chantage) qui bénificiera de la nouvelle technique du cinéma parlant (il en existe une version muette et une parlante).



Dès lors commence pour Hitchcock la fabuleuse carrière que nous lui connaissons avec la période anglaise (jusqu'en 1939) et la période américaine à partir de 1940 avec le film Rebecca.

Cette filmographie décrit les 63 films réalisés (ou co-réalisés) par Alfred Hitchcock entre 1922 (Number thirteen, son premier film, inachevé) et 1980 (The short night, le dernier scénario sur lequel il a travaillé avant sa mort, le 29 avril 1980). Dans toute sa carrière, Hitchcock réalisera en fait 53 long métrages.
Hitchcock n'a bien entendu pas réalisé que des chef-d'oeuvres et les informations disponibles suivant les films sont inégales en quantité et également en qualité. Les films sur lesquels Hitchcock était assistant réalisateur (entre 1923 et 1925) sont cités en italique.
Alfred Hitchcock a tourné 54 films pour le cinéma et tous ont un point commun, un style reconnaissable entre mille dès les premières minutes du film.
Hitchcock a utilisé (et certains critiques lui reprocheront) les mêmes recettes tout au long de ses 54 films :

Le MacGuffin
Le MacGuffin est un concept fondamental dans le cinéma d'Hitchcock. L'origine du mot viendrait de l'histoire suivante, racontée par Hitchcock :
Deux voyageurs se trouvent dans un train en Angleterre. L'un dit à l'autre : "Excusez-moi Monsieur, mais qu'est-ce que ce paquet à l'aspect bizarre qui se trouve au-dessus de votre tête ? - Oh, c'est un MacGuffin. A quoi cela sert-il ? - Cela sert à piéger les lions dans les montagnes d'Ecosse - Mais il n'y a pas de lion dans les montagnes d'Ecosse - Alors il n'y a pas de MacGuffin" .
Hitchcock citait souvent cette histoire pour se moquer de ceux qui exigent une explication rationnelle à tous les éléments d'un film.
Ce qui l'intéresse c'est de manipuler le spectateur, de le promener au fil de l'histoire et qu'il ait aussi peur que le héros ou l'héroïne de son film (Hitchcock aimait dire qu'il faisait ses films avant tout pour les autres et qu'il avait beaucoup de mal à comprendre ceux qui réalisaient par pur nombrilisme).

Dans les films d'Hitchcock, le MacGuffin est souvent un élément de l'histoire qui sert à l'initialiser voire à la justifier mais qui s'avère en fait sans grande importance au cours du déroulement du film.
Dans Psychose, le MacGuffin est l'argent dérobé par Marion à son patron au début du film, il va sans dire que la suite est tellement prenante que l'argent est bien vite oublié, mais c'est lui qui a initialisé l'histoire.

Mais Hitchcock fait encore plus fort dans La mort aux trousses. Comme il le dit lui-même :
"Dans ce film, j'ai réduit le MacGuffin au minimum. Quand Cary Grant demande à l'agent de la CIA à propos du méchant James Mason : "Que fait cet homme ? Oh, disons qu'il est dans l'import-export de secrets d'état". Et c'est tout ce que nous devons dire. Mais toute histoire d'espionnage doit avoir son MacGuffin, que ce soit un microfilm ou un objet quelconque caché dans le talon d'un escarpin."

Les apparitions



A partir du film Rebecca, Hitchcock apparaîtra le plus souvent dans ses films au point que le spectateur est très déçu lorsqu'il n'arrive pas à le voir. Cette attitude est extrêmement rare chez un réalisateur car bon nombre d'entre eux ne se montrent jamais à l'écran. Ceci est encore une des ambiguïtés de la personnalité d'Hitchock qui fut toute sa vie complexé par son physique mais ne manqua pas une occasion de se montrer !

Certaines apparitions sont devenues presque plus célèbres que les films comme celle de L'inconnu du nord-express dans laquelle il monte dans un train avec une contrebasse.

La poursuite
La poursuite est un élément marquant des films d'Hitchcock. En octobre 1950 il déclarait :
"Dans la structure idéale pour une poursuite, le rythme et la complexité de la poursuite reflèteront avec précision l'intensité de la relation entre les personnages."
La poursuite représente un atout fondamental pour l'élaboration d'un scénario d'un film à suspense : poursuivi, le personnage principal est dérouté et se lance dans une folle fuite en avant qui alimente le scénario.
L'exemple même du film poursuite est La mort aux trousses dans lequel le personnage principal ne sait même pas pourquoi il est poursuivi...

Les escaliers
L'escalier est un élément majeur des films d'Hitchcock. Il apparaît dès les premiers films (dans The lodger par exemple), mais surtout dans Psychose lors du meurtre du détective Arbogast.
L'escalier est également utilisé dans Le crime était presque parfait. Même s'il n'y a pas la même dimension dramatique, c'est là que le méchant cache la clef de l'appartement...

L'influence d'Hitchcock est toujours présente dans beaucoup de films à suspense d'aujourd'hui (il y a des escaliers dans A double tranchant, Les nuits avec mon ennemi pour ne citer qu'eux).

Hitchcock et les femmes




Les films d'Hitchcock sont réputés pour leur pudibonderie apparente mais dégagent en même temps un érotisme certain. Le début de Psychose avec Marion en soutien-gorge étendue sur un lit dans la chaleur de Phoenix (Arizona) en est un vibrant exemple.

La période américaine du cinéaste (à partir de 1940) introduit le concept de la blonde hitchcockienne qu'Hitchcock s'amuse à manipuler, à métamorphoser tantôt en femme du monde, en voleuse, en psychopathe ou bien en espionne !

Hitchcock n'est pas homme à s'éprendre de ses créatures. Au moment de la sortie de Vertigo il clamait à qui voulait bien l'entendre : "Kim Novak n'est qu'une inconsistante cire qui m'a coûté les plus grandes peines à modeler. J'ai tout fait."
Une petite histoire que l'on raconte au sujet de K Novak, elle demande à hitchcock: quel est mon meilleur profile.
il répond: vous êtes assie dessus madame.

Les détracteurs

Comme tous les créateurs, Hitchcock a ses détracteurs, ceux qui pensent en particulier qu'il a toujours fait le même film en répétant inlassablement les mêmes recettes. En voici quelques exemples. En 1948, Jacques Doniol Vaccroze écrivait dans le numéro 15 de La revue du cinéma :
"Le cas d'Alfred Hitchcock laisse rêveur : tant d'art, tant de savoir, tant de métier au service d'une pensée - celle des autres - le plus souvent médiocre"
puis plus loin :
"On a beaucoup parlé d'un "style Hitchcock". Il me semble malaisé à définir. Tout au plus peut-on déceler dans cette suite de films une prédilection marquée pour un certain nombre d'objets - verres, tasses, meubles particuliers - chargés d'un poids de destin et qui parsèment l'oeuvre d'une symbolique personnelle, presque étrange, dont l'auteur ne nous donne pas la clef."

Ci-dessous une critique surréaliste de Vertigo extrait de la filmographie commentée du groupe POSITIF définissant eux-même ce document comme le bréviaire du parfait petit anti-hitchcockien en connaissance de cause : "VERTIGO (sueurs froides) 1956:
Un homme est en proie au fantôme d'une femme qu'il croit morte. Ce thème (diabolique dirait Clouzot) est exposé de telle façon que le spectateur comprenne bien que le fantôme n'est pas un vrai fantôme et que la morte ne l'est pas. La délicieuse Kim elle-même sort à grand peine de cette sombre histoire. Vieil habitué, Dieu apparaît cette fois sous les traits d'une nonne pour châtier le Mal. Il y a quelques agréables vues de San Francisco et d'interminables voyages en voiture, platement filmés en transparence."

La carrière d'Hitchcock est divisée en 2 parties : la période anglaise (jusqu'en 1939) et la période américaine (à partir de 1940).
La filmographie complète (de 1922 à 1980)
La période anglaise
Number thirteen (1922)
Woman to woman (1923)
The white shadow (1923), L'ombre blanche
The passionate adventure (1924), Abnégation
The blackguard (1925), Le voyou
The prude's fall (1923)
The pleasure garden (1925), Le jardin du plaisir
The mountain eagle (1926)
The lodger (1926), Les cheveux d'or
Downhill (1927)
Easy virtue (1927)
The ring (1927), Le masque de cuir
The farmer's wife (1928), Laquelle des trois ?
Champagne (1928), A l'américaine
The manxman (1929)
Blackmail (1929), Chantage
Juno and the Paycock (1929)
Murder (1930), Meurtre
The skin game (1931)
Rich and strang (1932), A l'est de Shangai
Number seventeen (1932), Numéro dix-sept
Wlatzes from Vienna (1934), Le chant du Danube
The man who knew too much (1934), L'homme qui en savait trop - première version
The thirty-nine steps (1935), Les trente-neuf marches
The secret agent (1936), Quatre de l'espionnage
Sabotage (1936), Agent secret
Young and innocent (1937), Jeune et innocent
The lady vanishes (1938), Une femme disparaît
Jamaica Inn (1939), La taverne de la Jamaïque

La période américaine
Rebecca (1940)
Foreign correspondent (1940), Correspondant 17
Mr. and Mrs. Smith (1941), Joies matrimoniales
Suspicion (1941), Soupçons
Saboteur (1942), Cinquième colonne
Shadow of a doubt (1943), L'ombre d'un doute
Lifeboat (1943)
Bon voyage (1944), court métrage
Aventure malgache (1944), court métrage
Spellbound (1945), La maison du Docteur Edwardes
Notorious (1946), Les enchaînés
The Paradine case (1947), Le procès Paradine
Rope (1948), La corde
Under Capricorn (1949), Les amants du Capricorne
Stage fright (1950), Le grand alibi
Strangers on a train (1951), L'inconnu du Nord-Express
I confess (1952), La loi du silence
Dial M for murder (1954), Le crime était presque parfait
Rear window (1954), Fenêtre sur cour
To catch a thief (1955), La main au collet
Trouble with Harry (1956), Mais qui a tué Harry ?
The man who knew too much (1956), L'homme qui en savait trop - deuxième version
The wrong man (1957), Le faux coupable
Vertigo (1958), Sueurs froides
North by Northwest (1959), La mort aux trousses
Psycho (1960), Psychose
The birds (1963), Les oiseaux
Marnie (1964), Pas de printemps pour Marnie

Torn curtain (1966), Le rideau déchiré
Topaz (1969), L'étau
Frenzy (1972)
Family plot (1976), Complot de famille
The short night (1980) - inachevé

La fin, goodby maestro...

La dernière réalisation d'Hitchcock, Complot de famille, en 1976 ne fut pas un grand succès. Hitchcock était conscient que les quelques louanges qu'il recevait de la presse spécialisée était plus dues au respect d'un monument de 76 ans du cinéma qu'à la qualité réelle de son film. De ce fait, Hitchcock ne tarda pas à se sentir misérable. François Truffaut qui tournait à l'époque L'homme qui aimait les femmes reçut une lettre datée du 20 octobre 1976 :
"En ce moment, je suis désespérement à la recherche d'un sujet. Maintenant, comme vous vous en rendez compte, vous êtes libre de faire tout ce que vous voulez. Mais moi, je ne peux faire que ce à quoi on s'attend venant de moi, c'est à dire un film policier ou à suspense et c'est ça que je trouve difficile à faire..."

Deux mois plus tard, il annonça pourtant au même Truffaut qu'il avait trouvé le sujet de sons 54 ème film. Il s'agissait de l'adaptation d'un roman d'espionnage de Ronald Kirkbride intitulé The short night.
L'entourage d'Alfred Hitchcock était pourtant très sceptique quant à l'avenir du film. Alma avait subi une attaque lors du tournage de Frenzy et était devenue impotente, Hitchcock lui-même souffrait d'arthrite et se déplaçait de plus en plus difficilement.

En 1979, une soirée d'hommage organisée par l'American Film Institute lui fut consacrée sous le nom de Live Achievement Award, titre à la fois pompeux et macabre. La soirée fut à la hauteur des pires craintes que l'on pouvait avoir. Elle fut présidée par Ingrid Bergman, elle même gravement atteinte d'un cancer. Tout le monde fut bouleversé de voir Alma et Alfred Hitchcock en si mauvais était. Ingrid Bergman eut cette remarque:"Pourquoi organise-t-on toujours ce genre de soirée quand il est trop tard ?"

Comme le dit François Truffaut :

"Alfred et Alma Hitchcock faisait acte de présence mais leur âme n'était plus là, ils n'était guère plus vivants que la maman d'Anthony Perkins, empaillée dans la cave de la maison gothique"

Les mois qui suivirent cette cérémonie confirmèrent l'état de délabrement alarmant de ce qui fut le maître du suspense. Hitchcock se rendait à son bureau mais n'y faisait pas grand chose mis à part boire d'énormes quantités de vodka et de cognac. Il ne recevait presque personne mis à part David Freeman auquel il racontait inlassablement ses souvenirs d'enfant et de débutant au cinéma. A partir d'avril 1979, l'ambiance au bureau d'Hitchcock se dégrada de manière dramatique, et sa secrétaire Suzanne Gauthier avait de plus en plus de mal à supporter les accès de sénilité, de fureur et les obscènités que lui faisait supporter le réalisateur.
La direction d'Universal ne savait comment se sortir de cette situation dramatique car il était hors de question de licencier un homme aussi auréolé de gloire mais d'un autre coté, il leur coutait extrèmement cher...
Le dénouement vint de la nouvelle de la mort de Victor Saville le 8 mai 1979. Il avait participé, avec Michael Balcon, John Freedman et Hitchcock lui-même à la constitution d'une société de production en 1923. Très choqué par la nouvelle, Hitchcock convoqua son personnel et leur annonça qu'il fermait définitivement son bureau...

A noël 1979, la reine d'Angleterre le nomma "grand chevalier de l'empire britannique" et lui accorda le titre de Sir Alfred Hitchcock. Il fit sa dernière apparition publique le 16 mars 1980 puis rédigea son testament et ne vit plus que sa fille Patricia jusqu'à sa mort le 29 avril 1980 à 9 heure 17. Le suspense était tombé...définitivement !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Salut Nanie .il et simpas ton blog cet vraiment un coin tranquille .a bientot.chris